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Archive du mois : mai 2011

Petite Vie

Alors aujourd’hui je me suis mise à écrire, des phrases sur les belles âmes, indéfinissables mais reconnaissables. Les âmes moches, repérables.
Puis j’ai regardé mon facebook,  et c’était inondé de mamans. De maman tu es la plus belle du monde, tu sens la vanille et le levain, et tu m’as guidé et n’oubliez pas la fête des mères. Ca serait bien que ce genre de message apparaisse un peu avant, pour ceux qui, comme moi, oublient.
Résultat, pas de cadeau, pas de gâteau. Réunion au sommet avec mes frères. Entre le petit  qui me sort
« C’était pas l’année dernière la fête des mères? », « Non c’est une arnaque annuelle mon ptit » ;
le grand qui me dit  » C’était pas déjà en décembre ce truc? » , » Non c’était en janvier et c’était son anniv »;
et le moyen qui vient de se réveiller du week end, qui m’offre un « hein? », je comprends vite que la cohésion familiale repose sur mes frêles épaules.
N’ayant pas d’argent, je pense à lui faire un coloriage. Puis je me rappelle que je n’ai plus six ans.
Je pense à lui acheter un parfum cheap, puis je me souviens qu’il finira probablement en désodorisant ou en complément javel.
Je pense au gâteau,  mais les pâtisseries ne prennent plus de commandes après midi. J’y vais quand même, je vois plusieurs fraisiers ornés de « bonne fête » en vitrine et je bluffe. Ca marche, puis je culpabilise et je rends le gâteau.
Retour à la case départ. Il me suffit de renter plus tôt à la maison, de faire un gâteau moi-même, d’empoisonner tout le monde et de mourir en paix.
Il me suffit aussi, en guise de cadeau, d’écrire un poème.
 » Chère maman, tu sens l’océan et les crêpes au citron.
A 11 ans, tu m’as interdis de voir ma meilleure amie. Soi-disant une fille de mauvaise vie. Je t’en ai voulu  beaucoup, mais maintenant je m’en fous.
A 14 ans, tu m’a offert un livre « Côté coeur c’est pas le pied ». Ca ne l’a effectivement jamais été.
A 15 ans, tu as souhaité que mes amours commencent tardivement. Si tu pouvais annuler ce sort, ça serait genre super cool à mort.
A 18 ans, tu m’as interdit d’aller en boite de nuit. J’ai pleuré toute la nuit. Maintenant c’est quand j’y vais que j’ai envie de chialer.
A 20 ans, alors que je rêvais d’être actrice, et que je me voyais déjà en haut de l’affice , tu m’as cassé mon rêve. Bon pour ça c’est pas encore la trêve.
A 20 ans, j’ai quitté ta maison et putain comme j’ai maigri. Alors merci.
A 24 ans t’as voulu que je fasse un boulot que je voulais  pas. Si tu pouvais arrêter d’insister avec ça…
Bon et maintenant, t’aimerais bien que je rencontre l’homme de ma vie ( ou le fils de ton amie Nassima), qu’on fasse la noce, et qu’on ponde un ou deux gosses.
Alors que moi j’ai juste envie de rester la fille à sa maman. D’ailleurs si tu pouvais m’aider à faire un gâteau au chocolat, ça serait genre super sympa ».
Il est bien mon poème ou faut que j’aille braquer une bijouterie?
Mamzelle Namous

It doesnt’ eat bread

Salut les gens, après presque deux semaines d’absence, me revoilou. Je reviens avec un nouveau texte dans la rubrique Invité. Ca parle de contraception, de sa vision, de gynéco, de parano.
Oh regardez c’est moi la brunette! Enfin ça pourrait…

Je reviens aussi avec un récit de voyage. Pour mon dernier vol, j’ai été overclassée. J’ai eu un accès pour le salon première, le truc trop classe. Ce qui l’était moins c’était moi.

J’y entre en me disant que je dois me comporter comme une habituée. Je m’assois donc sur le premier fauteuil croisé, tellement j’étais rouge que tout le monde me regarde. Ensuite je fais semblant de chercher quelque chose dans mon sac, histoire de prendre un air décontracté.
Après j’appelle ma grand-mère pour lui dire de rien préparer à manger, vu que je compte dévaliser l’endroit.
J’attends un peu, je regarde les gens riches autour de moi, et je fonce. Petits pains, petits fromages, petits trucs que je sais pas ce que c’est, mini-mini-mini coca adorables….
Mais pas de couteaux. Je vais donc voir l’hôtesse d’accueil pour lui demander où qui sont les couteaux, parce que mes sandwichs ils vont pas se faire tout seuls. Regard embarrassé de la nana,  » nous n’avons pas de couteaux mademoiselle« . L’air de dire, ton complet poulet tu le fais pas ici.
Parce que vous comprenez, ça ne mange pas de pain d’être riche.
Qu’à cela ne tienne, ma cuillère fait aussi couteau.
8 petits sandwichs plus tard, je lève la tête. Un couple d’algériens tellement hype qu’on dirait pas des algériens me regarde comme j’ai l’habitude de regarder les sauvages qui raflent tous les gâteaux lors des réceptions au boulot.
M’en fous, je le reverrai jamais, alors..
Au moment de partir, je prends encore une poignée des petits trucs que je-sais-pas-ce-que-c’est, mais qui ont l’air bien, et mon sachet pèse 5 kilos de plus.
En route vers l’avion, je me rends compte que j’ai oublié de choper les mini-mini confitures bonne maman, et je veux y retourner. Je marche donc vite, et là il se passe quelque chose qui n’arrive que dans les films.
Mon sachet se déchire, mon magot se déroule par terre, ma dignité aussi.
Le couple hype précédemment cité m’aide à tout ramasser, avec une attitude très élégante. Ca ne mange pas de pain d’être classe, que voulez vous.
Croyez pas que ça m’a empêché d’aller chercher mes petits pots.
Mon sac pèse trois tonnes et ne ferme pas, mais ça il a l’habitude.
Me voila plus tard dans l’avion, au milieu de l’élite algéroise, et des beggarins. Les hôtesses ont un comportement étrange avec moi, leur grimace ressemble à un sourire, elles sont atteintes de gentillesse aiguë, et y en a même une qui m’a aidé à foutre ma valise dans le coffre.
C’est le printemps, c’est la pluie, c’est la pilule du bonheur, l’air sent riche.
Pour remplir ma petite fiche, je demande un stylo à un mec à coté. Mon bic est coincé au fond de mon sac, sous les papiers, la bouffe, le maquillage, l’appareil photo, la confiture. Faut être vacciné pour s’aventurer là dedans à l’aveugle.
Le type me tend un mont blanc dans sa pochette de cuir. Il m’a fallu deux bonnes minutes pour comprendre le mécanisme. Et ce temps m’a trahi, la cabine entière sait que je suis une outsider et j’entends leurs ricanements intérieurs. Pour faire comme eux, je ricane aussi.Au milieu des faux rires et des faux-semblants, j’ai envie d’éclater de rire.Se moquer des autres c’est bien. Se moquer de soi même c’est encore mieux et ça ne mange pas de pain.
Mamzelle NamousP.S I love you : puisqu’on parle de pain, y a cette initiative sympa , le sac à pain publicitaire. Ca mange pas de pain d’aller voir ce que c’est !

No Man’s Land


Salut les amis, la semaine dernière j’étais à mon endroit préféré sur la terre, ma coiffeuse de quartier.
Ce salon de coiffure est un endroit VIP, la porte fermée à clé, avec effet on voit dehors mais pas dedans. Et ce n’est pas à tout le monde qu’elles ouvrent la porte les nanas. Je le sais, je suis souvent dedans.
Une fois à l’intérieur c’est un monde merveilleux, où le mot balai n’existe que deux fois par semaines,  où les fourmis ont fait leur nid dans les miroirs, se confondant ainsi au reflet des points noirs.
Une phrase que vous n’y entendrez JAMAIS : «  La température de l’eau vous convient ? »
Toujours brulante l’eau, seules les femmes au-delà de 50 ans ont le droit de se plaindre.
Y a un truc bien avec le lavage des cheveux chez la coiffeuse, c’est qu’en même temps elle te nettoie tout le corps et ça c’est bien.
Après ça, elle te passe une serviette jaunie par le temps sur la tête et tu passes au brushing.
Oui le brushing est la seule chose faisable. Je me suis risquée une fois à lui demander de me couper les cheveux, et c’était l’évènement de l’année au salon. Mais je lui faisais confiance, elle était tellement douée la coiffeuse qu’elle tenait les ciseaux d’une main et son téléphone de l’autre. Le résultat fut si moche qu’elle m’a offert six mois de brushing gratuit, le temps que ça repousse. Vous savez maintenant pourquoi j’y vais souvent. J’en suis à trois mois, je sens que mon crâne, à force d’être tiré, quitte lentement  mon corps.
A la fin, elle me propose un peu de gras. Hein ? Le gras, ce mot glamour pour signifier produit hydratant. Non merci, celui de mon cuissot me suffit.
Je n’ai jamais franchi la partie « esthétique », de l’autre coté du rideau, parce que bon voilà, pas trop envie de choper un kyste ou une MST. Y a des limites à l’aventure.
Dans un salon de coiffure on parle de tout. Le mariage de Kate et William,  les nanas en parlent comme si c’était celui de leur frère. Le problème de visa pour la France, elles ont trouvé une solution à l’échelon national : le boycott. Parce que tu vois, si personne ne demande de visa, yetghazlou !
Alors j’en profite pour lancer  ce mouvement : si tu ne vas pas au consulat, le consulat viendra à toi.
Ca parle aussi du fard à paupières mauve fauve de Bourguis, que la cousine d’Aldjia a fini.
Dans un salon de coiffure, il y a des filles qui passent des heures à se pomponner, et juste avant de sortir elles enfilent leur hijab, et moi ça m’étonne à chaque fois. A quoi bon souffrir pour être belle – cette expression prend tout son sens-  uniquement entre les quatre murs de ta maison.
Les seuls hommes à pouvoir admirer cette chevelure brulée, graissée, brillante et soyeuse, sont ton père et frère, et franchement ça craint pour elles. C’est toujours eux les plus critiques.
Et puis aussi c’est injuste pour les autres filles qui doivent affronter les yeux du monde même dans les bad hair days (bad hair life dans mon cas), alors que les voilées n’ont pas les couilles  d’être moches en public.
J’en profite alors pour lancer un autre mouvement : à bas le voile, mettons les voiles, face au monde soyons égales. Yeah !
Un jour, j’avais perdu une petite chaîne précieuse. A la chercher partout comme un droopy, je m’étais découragée.
Des semaines plus tard, je vais chez la coiffeuse, elle me demande si j’ai pas perdu quelque chose récemment. Oui ma virginité, pourquoi ?
Le  balai avait récolté le collier, et elle l’a sagement gardé en pensant à moi.
Ma coiffeuse de quartier, c’est la grande classe.
Mamzelle Namous

Le Syndrome du Monde

Alors ça y est, Ben Laden est mort. On y croit moyen à tout ça.
A force d’entendre nos grand-mères dirent que le 11septembre qui s’effondre c’est les américains eux-mêmes, que le froid en mai c’est eux aussi, que la boulangerie qui ferme c’est surement eux, on a fini par  contracter le syndrome du réflexe de paranoïa automatique. Le RPA.
On a aimé voir les télés ressortir leurs plus beaux spécialistes de politique internationale. Le profil idéal étant celui du type de même pas 40 ans, trois voyages moyen-orientaux à son compteur, l’envie de parler avec des concepts compliqués, l’envie de plaire, et l’illusion d’illusionner.
On a aimé voir défiler les images de Ben Laden, les mêmes depuis 2001.
On a adoré dire que le terrorisme en Algérie ne lui était pas totalement étranger. Que les premières victimes c’étaient nous. Autrement appelé le SUV (syndrome universel de la victimisation).
Bon, avec une décennie de traumatisme, on le mérite bien ce SUV. Certains en abusent un peu. On a tous un ami qui habitait au 10ème étage d’un immeuble en plein centre ville et qui a failli se faire égorger, in extremis.
Ouais ouais ouais, et moi j’ai survécu à une bagarre avec un ours un jour en 1996.
On a rappelé qu’un jour, au milieu des années 1990, une femme (je sais plus son nom), a dit au monde que si les étrangers ne s’occupaient pas du problème algérien, le terrorisme ferait des ravages mondiaux.
On s’est souvenu, avec amertume, des moqueries qu’avait suscité le président Zeroual, quand il a demandé aux banques anglaises (ou autres) de bloquer les comptes des réseaux terroristes.
Fermons cette parenthèse de SUV.
Vous vous souvenez quand l’actrice Marion Cotillard a émit des doutes sur l’histoire du 11 septembre, et qu’Oh Mon Dieu, comment a-t-elle pu dire une chose aussi incongrue ? Eh bien en Algérie, c’est l’inverse, c’est croire le discours officiel qui vous apparente à un imbécile.
Les océans se renvoient la balle de la crédulité et de la paranoïa. C’est aussi ça le libre-échange.
Ce qui m’étonne toujours c’est la différence de point de vue entre les mers, et la peur de ne pas savoir nager.
Je disais l’autre jour à une grande amie que non ceux qui croient que Ben Laden est mort dans les conditions présentées ne sont pas forcément des idiots. Que depuis l’enfance, on est éduqués de façon à voir les choses d’un certain angle.
Qu’il faut accepter le déterminisme des autres et voir le sien.
Le dépasser est une autre étape.
Y en a qui appellent ça l’ethnocentrisme. En France on apprend à l’école, qu’aux Etats-Unis, l’Amérique est au centre des cartes du monde et ça fait rire les élèves. Les profs d’histoire enseignent que la guerre d’Algérie c’est loin derrière.
Le français grandit avec l’idée que les iraniens sont des arabes comme les autres, que les arabes sont antisémites, et que l’islam est une race à part.
A l’école algérienne, on étudie tellement l’histoire et la géo de notre pays que ça finit par être gerbifiant.
L’algérien est un francophone comme les autres.
Tant que nous grandirons dans un monde où l’éducation cherche plus à nous façonner qu’à nous grandir, ne nous étonnons pas de souffrir d’étranges syndromes.
Mamzelle Namous

Dar el Diaf

Ceci est un message de la Blog Ideas Team : La page Invités  est en train de mourir de solitude, sauvez la!

Edit 21h15, une âme généreuse a prématurement entendu cette appel au secours, et en plus son texte il est bien, allez vite lire les aventures de proprounet !

Photographie algéroise

Vous vous souvenez qu’il y a quelques temps on a dressé un portait authentique de l’Algéroise ? Depuis, je ne cesse de recevoir des demandes (enfin une)  pour que l’on fasse la même chose avec l’Algérois.  L’exercice m’a paru difficile, parce que je ne connais pas les garçons, et je risque de dire des choses qui vont me condamner au célibat. Alors ce portrait j’ai pas voulu le faire,  mais devant l’insistance du public j’ai cédé.

Pardonnez-moi lecteurs si j’ai péché.
Dziri, c’est le nom d’un magazine masculin genre GQ, mais pas vraiment ressemblant. L’algérois ne le lit pas, parce que les revues de ce genre c’est un truc de filles.
L’algérois a un accent d’arabe qui  roule des rrrrrr quand il discute avec ses copains, mais parle comme un Ardisson  quand il s’adresse à une fille. Un truc de mec, nous ne demanderons aucune explication.
L’algérois vit une histoire d’amour avec son coiffeur. Vous ne le savez pas, mais le coiffeur tire son inspiration des pages sport, la coupe Zidane  fait fureur en Algérie. Le gel aussi.
Il boit son café du matin dehors, parce que c’est plus fort, plus homme, plus viril. Si votre copain boit du thé à la fleur de lotus, alors votre spécimen est gay.
L’algérois est soit maigre, soit un peu enrobé. Les beaux corps ne courent pas les plages à Zéralda.  Quelque chose dans les gènes, dans le couscous de maman, dans le frite-omelettes  de midi, dans le foot du vendredi.
L’algérois Déteste les filles matérialistes, mais jamais vous ne le verrez  avec une basket  non marquée à son pied. En général il fait très jeune son choix entre Nike ou Adidas.  Une fois les pompes enlevées, place aux bligha, ô combien sexy. 
Le dziri n’aime pas les films français. C’est, à ses yeux,  un objet cinématographique non identifié, et les acteurs ça se voit qu’ils jouent la comédie, et y a des scènes qui servent à rien.
Sa petite sœur, nous pleurons son sort.
Accompagnée d’une fille ; peu importe leur lien, l’algérois ne la laisse jamais payer. L’inviter ou partager la note, c’est la castration directe. C’est sa souveraineté nationale qui est en jeu là.   Le comité international des radines sans frontières (le très sérieux CIRF)  lutte d’ailleurs pour répandre cette pratique du mec qui paie à un échelon mondial.
Il faut le dire, il peut arriver qu’il ne se douche pas tous les jours (ça c’est bien universel), et lorsque le jour du grand bain arrive, il aime utiliser Tous les produits présents dans la salle de bains.  Y compris ceux qui ont coûté un bras à sa pauvre petite  sœur (pleurons de nouveau son sort).
Il vote jamais, il a un avis sur tout. Déteste ce gouvernement, source de tous ses problèmes.
Les jours de chômage, et Dieu sait qu’il connaît ça le chômage, il se lève à 14h, grogne contre sa moman  parce qu’il n’y a plus de pain, sort traîner avec ses incontournables potes de quartier (élevés au rang de sacré ceux là), et rentre chez lui a 22h cherchant le dîner.
Le jour du petit aid, l’algérois a fait la queue 30 minutes  devant un débit de boissons.  Quand il a appris que sa copine ne mangeait pas toujours hallal, il lui a fait la morale pendant une heure. Ça n’a pas duré longtemps entre ces deux là.
N’allez pas imaginer que notre algérois n’est qu’un type en jogging blanc sali, cigarette  au bec , ronchon, qui passe ses journées à se plaindre. Ça c’est notre voisin qui fait un peu pitié.       
                                                                                                          
L’algérois, le vrai, le beau gosse, le mec classe qui nous fait glousser, lui il a quitté le pays il y a bien longtemps. Ou bien il rêve de se barrer, et il raconte ses envies d’ailleurs, en ronchonnant.
L’algérois, c’est souvent  ce mec bien, dont l’univers a mal distribué l’âme.
Mamzelle Namous