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Archive du mois : décembre 2015

Paghee

 

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Il parait qu’il faut écrire quand on est encore dans la tristesse pure. Comme dans un chagrin d’amour, pour décrire exactement ce qu’on ressent. Après, on ne fait que se souvenir. On dit que parfois il faut écrire sans recul, mais c’est pas facile, parce qu’on a tendance à prendre du recul tout de suite, à petit-analyser, à comparer.

 

Le samedi matin, j’étais à Paris, mais propulsée à Alger, il y a un million d’années. Les matins après les nuits sanglantes, la ville morte, les rues vides. Tout lugubre, tout marron, tout enroué dans la gorge et le ventre.

La veille, les évènements se succédaient à Paris, les morts se comptaient et les seuls mots horrible, putain venaient. Ce n’était presque pas réel, ça le pouvait pas. On a même trouvé le moyen de faire de l’humour noir après quelques heures, parce que c’est ce qu’on faisait en Algérie, on expirait par le rire. On vidait nos poitrines et ventres de cette horreur.

 

Mais le lendemain, on a commencé à voir les photos des personnes disparues, un grand frère, une petite soeur, un ami, et ça a pris une tournure tellement plus bouleversante. Les nombres et les adjectifs avaient un visage, des vies, des anecdotes. Quelqu’un a écrit qu’il fallait raconter l’histoire des victimes, et non des terroristes. Ce quelqu’un a raison. C’est peut-être ce qui nous a manqué dans les années 90, il y avait les récits des abominations, des témoignages, quelques photos , mais pas encore les réseaux sociaux pour faire entrer autant de visages et de vies dans nos larmes.

 

Sur ces réseaux sociaux, au lieu de jouer ( encore!) à « nos morts sont plus morts que les vôtres » ( personne ne gagne à ce jeu!), au lieu de ressasser sur la solidarité sélective avec dépit et amertume, regardez plutôt les visages. Ils n’ont pas de frontières, ils viennent se nicher dans les tréfonds de nos ventres, et c’est là, l’humanité.

 

mamzelle namous

 

La parenthèse du célibat/opus two or presque

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La première nuit à la havane
, au moment de dormir, les bruits et voix de l’immeuble continuent, des rires, des radios, tout entre et se mêle au rythme du ventilateur de plafond. J’arrive pas à dormir, y a pas internet ( Cuba est encore en mode bekriiiiiiii*…y a un parc wifi je ne sais où, ou bien faut acheter des cartes avec des codes très longs. Le temps de les taper, c’est déjà l’heure du départ, donc j’ai plutôt passé la semaine sans connexion. Je vous épargne le discours oh ça fait du bien de déconnecter, de se retrouver , de revenir à l’essentiel, de parler avec ta grand-mère, de voir les arbres. Quand je me suis enfin connectée après plusieurs jours, je m’attendais à des centaines de messages et de mails so interesting. J’ai trouvé que de la pub et du facebook qui s’inquiétait de mon absence.
Au moins un, ça fait plaisir)

Fin de la parenthèse, donc pas d’internet, pas de séries, mais le film  La collectionneuse d’Eric Rohmer qui traînait sur mon ordi depuis des lustres. J’aime bien ses films, voire beaucoup, mais je mets toujours du temps avant de cliquer dessus. En cette nuit chauuude et moite, sous le tournis du ventilateur, je regarde donc ce film français des années 60. J’accroche immédiatement aux premières images, je me perds un peu après mais me retrouve quand l’histoire commence réellement. Et quel bonheur, quel délice! Quel acteur aussi, quelle dégaine! Je remercie le bon Dieu de m’avoir sauvé la nuit, et envie de revoir le film sitôt fini.
Envie aussi de croiser un homme qu’aurait le même groove que l’acteur. Je le chercherai dans les rues havanesques mais bien sûr ne le trouverai pas, on en fait que dans les vieux films des comme ça.
Si vous traversez donc une insomnie et que vous savez pas quoi faire, regardez le ! Bon, si vous n’êtes pas fan de cinéma français ( comme 99% des hommes algériens), et surtout pas de cette diction très particulière des films de la nouvelle vague, laisse tomber va.
Après à peine quelques heures de sommeil, on se réveille tôt, ce qui sera toujours le cas. Les journées seront longues, parce qu’à Cuba, le temps ne passe pas.
Vous savez comme on est toujours à se plaindre que tout passe trop vite, eh bien là-bas c’est l’inverse. Vous regardez votre montre, il est 16h. Deux heures plus tard, il n’est que 16H15. Je ne sais pas trop à quoi c’est dû, mais ç’a son charme.
La propriétaire de l’appartement ( la maman), après m’avoir fait manger 30 fruits, mille crêpes et trois omelettes, et encouragé à manger plus, me touche les cheveux et me demande si j’ai un muchacho dans ma vie. Je fais semblant de pas comprendre mais faut bien reconnaitre que c’est pas très compliqué.
-Non, non…
-No?? Porque? Como se hacé? Comment ça se fait?
-……… ( à chaque fois qu’on me pose cette question, je dessine des points dans ma tête. Ca se traduit par un hochement d’épaules, une grimace, un sourire, une tête bizarre, je sais pas. Un jour je pense inventer une chorégraphie autour de ces points…)
-Tu dois être complicada, pointilleuse, à trop regarder les détails , ceci cela, bla bla.
-…………..
Universalité de ce genre de questions. Vraiment. Même un généraliste parisien que j’ai vu deux fois en 5 ans m’a demandé, pour la mise à jour : toujours seule sans enfants?
-Toujours…
-Ben comment ça se fait?!
Au delà de ces interrogations, qui ne me dérangent pas, si ce n’est que je ne sais pas comment y répondre, j’ai remarqué un glissement  du vocabulaire associé au célibat, dépassé certaines tranches d’âge. Quand vous êtes très jeune, les gens ont tendance à vous dire que vous allez trouver, qu’un jour ça sera une évidence, que c’est le destin, qu’il faut juste attendre, que c’est une histoire de hasard et de chance.
Quand vous êtes juste jeune, on ne vous parle plus de chance, mais on vous demande « ben pourquoi? », comme si la raison avait supplanté tout le reste. Et parfois on vous incombe même la responsabilité de votre célibat : « pasque t’es complicada/do;  pasque tu sors pas assez; tu dégages pas les bonnes vibes » ( alors celle-là….).
Non mais oh fallait nous prévenir qu’entre 24 et 28 ans, il fallait changer totalement sa vision des choses. Imaginez un peu la pression maintenant, et la culpabilité de s’être trop fiée au doux hasard des rencontres de la vie.
Bref, j’envoie des bisoux à tous ceux qui nous posent, avec bienveillance, ces questions. Ah avant de refermer, je pense à cette jeune française qui m’a demandé une fois, vraiment en toute naïveté : C‘est normal, en Algérie, d’avoir 30 ans et de pas être mariée?  J’ai éclaté de rire mais je ne sais pas ce qui est le plus inquiétant dans cette question.
Bon, tout cela n’a finalement rien d’un récit exotique de voyage, la prochaine fois! Là je dois y aller, parce que lorsqu’on est célibataire il faut sortir plus pour gagner plus. Je vous envoie la bonne vibe et quelques points.
Mamzelle Namous
* Bekri = avant. Bekriiii= avant Jésus-Christ

 

A La Havane #1

 

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Il y a un peu plus d’un an, je déplorais cette phrase « c’est maintenant ou jamais qu’il faut aller à Cuba! ». J’ trouvais qu’on l’entendait beaucoup trop et qu’elle n’avait pas beaucoup de sens historique.
Mais quand y a quelques temps, l’occasion d’y aller m’est tombée dessus, je me suis dit qu’on était déjà peut-être dans le jamais, mais que c’était pas grave. Y aurait les caraïbes, le loin, la dizaine d’heures d’avion.

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La piscine

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Ados, on passait nos grandes vacances dans la ville balnéaire de ma grand-mère. Petite ville comme il en existe des tas, un peu plus riche peut-être, à cause de sa raffinerie, mais qui ne paie pas de mine non plus. On a grandi à la lumière des torches qu’on voyait au loin. La plupart des gens ne les aiment pas, ça pollue, c’est pas bien, faut arrêter. Nous, on adore. Et puis ça pollue pas tant que ça, c’est pas le sud. 
 A la fin des années 90, c’était encore le terrorisme, les grandes frayeurs, mais on prenait la route chaque année. La petite maison humide était un peu excentrée, presque au milieu de nulle part ( aujourd’hui elle est au milieu de tout), juste des montagnes derrière et la mer devant. Suffisait de traverser, y avait même pas beaucoup de voitures. 
Quand ils étaient mignons, on essayait de draguer les maîtres-nageurs, mais c’était pas la fête chaque année, et on devait être un peu ridicules avec notre jeune âge dont on n’avait pas conscience.
Quand on s’ennuyait on allait embêter les couples. 
 

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Matin/Nuit

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Un jour parmi les dix derniers jours du Ramadan à Paris : Il fait un peu plus frais, je me réveille tôt et je peux ouvrir les fenêtres. Il y a déjà des touristes asiatiques qui se dépêchent de se rendre quelque part. Je me demande où, si tôt.
Un clochard, que je vois parfois, est installé au pied d’un immeuble, avec son bonnet d’hiver et son chien tout maigre. Une camionnette de services se gare à côté de lui, deux hommes en descendent et s’affairent, et le monsieur assis les suit constamment du regard.
Peu après, les employés de l’immeuble d’en face commencent à arriver en même temps, ils se font la bise dans la rue.
C’est le moment de tirer un peu les rideaux pour éviter d’être vue.


Je voudrais que la journée ne commence pas , qu’elle se limite à regarder les gens par la fenêtre. Les premières livraisons, les sales boulots, les gens pressés, les quelques uns qui rentrent.  

Très jeune vie parisienne caniculesque

 

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Jour je ne sais plus combien, jour de grande chaleur, jour à rester chez soi, mais même chez soi il fait chaud. Jour où on découvre au fond d’un placard un vieux ventilo. Dieu merci il marche, mais il faut vraiment s’y coller pour sentir la brise de l’air qui tourne. Alors on s’y colle, parfois on s’oublie et on se demande d’où vient ce bruit. Souvent ça donne mal à la tête tout ça. 

Alors on voudrait boire un grand verre d’eau avec un doliprane , mais on peut pas, c’est carême time! 
On s’endort, mais on est vite réveillé par une voisine qui joue aux cantatrices d’opéra. L’aigu de sa voix cogne contre le mal de tête. J’ai envie de crier ta guuuueeeelle, bel3iiii femek, mais je sais pas si ça se fait. C’est pas à Alger qu’on entendrait ça. Mes voisins algérois me manquent d’ailleurs, la vue du père  de famille qui traîne sur le balcon en tricoudepou blanc restera à jamais dans ma mémoire.

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Chronique R

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Comme je l’avais dit, je suis en France, et j’avais décidé de manger de la chorba en sachet!
Premier test, jour 1, avec un paquet Jumbo ramené d’Alger. Dix minutes avant 22h, je mets donc le contenu  dans de l’eau et je touille en chantant l’ancien slogan jumbooo jumboooo! l’ banaa l’banaaaaaa! heureuse qui comme Ulysse a traversé la méditerranée avec les senteurs du pays.
Résultat : Digoulasse. Un manque de goût, orné pourtant d’un étrange et vague arrière-goût d’agneau (mais c’était peut-être dans ma tête).
J’ai dû trop chanté et pas assez touillé, parce que les vermicelles sont restés au fond.
Tout ce monde a donc fini dans les canalisations, saha ftourkom!

 

Jour 2, la journée s’annonce longue, elle commence par un mal de tête. Rester au lit toute la journée, à l’abri du temps un peu chaud, des boissons fraîches sur les terrasses de café, est un doux rêve. Mais il faut sortir, s’activer, vivre.
Dans le bus, la femme en face a son rouge à lèvres qui fuit, j’hésite à le lui dire mais je me lance, ça sera ma hassana* du mois. A côté, deux lycéennes regrettent de ne pas avoir dit au revoir à leur prof de maths et se demandent ce qu’elles vont faire pour la fête de la musique. Bien qu’elles en soient un peu lassées. Elles parlent de la soirée de Marc qui coïncidera peut-être avec celle de Pauline, que faire, que faire?

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La Vie Electrique

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Que le temps a filé ! Déjà une année qui s’écoule depuis le précédent Ramadan, et tant de choses différentes.  Il y a un an, je me souviens que j’abordais le mois avec peu de sérénité, mais je crois que j’étais heureuse qu’il arrive, c’était comme un time-off, un temps suspendu où tout prend une autre teneur.

 
L’air prend une certaine lenteur, et au fil des jours, à une certaine heure de la journée, il y a quelque chose d’un peu électrisant à avoir le ventre vide. C’est le corps entier qui s’éclate avec autre chose. Je sais pas si c’est clair ce que je raconte ( je pense pas…), mais depuis quelques années, c’est le mot « grisant » qui me vient pour qualifier le jeûne à ses belles heures.
Je saurais pas l’expliquer, mais c’est une jolie sensation.

 

Sinon y a des heures moins sympas, je vais pas vous jouer le moine. Y a ces moments où tu regardes les gens en train de manger dans les séries et que t’as envie de frites, ce moment où ta gorge est tellement sèche que tu te demandes comment tu vas tenir. Tu vas au lavabo te gargariser un peu, et t’aperçois le voisin d’en face qui te mate, sauf qu’il te voit pas cracher et il te fait sa grimace « yekhi khamja yekhi » *.

 

 

Cette année, je suis en France et quand j’ai vu les horaires ( maghreb à 22h comême), j’ai eu peur. Une amie m’a même dit « j’espère que ce sont des horaires de train! ».
Mais comme le répète ma grand-mère, tout passe. Toujours énormément plus vite qu’on ne le pense, et quand c’est fini, on est déjà un peu nostalgique, parce qu’aucune atmosphère ne se récupère. Et parait qu’il faut jeûner avec des pensées positives.

 
Au delà des heures tardives ( fuck l’heure d’été -première pensée positive), ça va me faire drôle d’être seule. Je me suis habituée aux ambiances frénétiques algéroises. Le monde à la maison, les crises parce que le bourek ne frit pas, qu’est ce qui se passe, est-ce qu’on fait une pizza? ( là d’où je viens, on fait de la pizza pendant ramdane..), on a oublié de mettre le lben au frigidaire, le jour où mon père a découvert le prix de la bouteille de Schweppes qu’on achetait chaque jour, j’ suis trop fatiguée pour débarrasser, est-ce qu’on sort? pour aller où? Laisse tomber, trop d’embouteillages, pas de stationnement.
Est-ce qu’on va aux tarawih? Ah non ça c’est pas moi, pardon. De toute façon les tarawih** c’est devenu un lieu de rencontre (phrase entendue chez tout le monde)  
Et tout ce que vous avez déjà de mes ramadan stories! 

 

 

Alors avant de venir, j’ai acheté de la chorba en sachet…. Sachez qu’à Alger, on trouve beaucoup de hrira en sachet, mais peu de Chorba, why why? C’est sûrement bien dégueulasse, mais j’essaierai, et je vous tiendrai au courant! Il ya aussi de fortes chances que je reparte à Alger en courant, mais en attendant, je vous souhaite de jeûner avec sérénité et paisibilité (ça fait bien de dire ça),  et d’ignorer le reste. Le reste: Les gens qui vous cassent votre délire avec leurs remarques à deux sous, les mecs qui vous balancent fatartini*** parce que vous êtes en robe, la connasse qui vous dit qu’il faut pas mettre de mascara, l’esthéticienne qui refuse l’épilation du minou (ah conversation trépidante à vous rapporter à ce sujet), les gens trop cool qui pensent que tous les jeûneurs sont des hypocrites. Et moi qui ne sait plus où mettre l’accent circonflexe dans jêûnêr, alors que ça n’a même pas commencé.
Bon Courage! Rabi m3aknom, et moi m3akom aussi, jusque dans vos vraies chorba 😉

 

Mamzelle Namous

*It means Pauv’ fille ( restons polis…)
** Prières/lecture du Coran, à la mosquée ( d’où le lieu de rencontres ;), ou chez soi.
*** Accusation de cassage de jeûne, pour cause de sexytude, et de réaction animale. 

Avoir 28 ans.

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Le jour de mes 28 ans, il y a deux ans, j’étais mdepressia et presque en pleurs. Tout ça parce que j’en étais pas arrivée au point que je m’étais fixée quelques années plus tôt.
J’avais un calendrier de ma personne, le truc à pas faire.
J’étais donc au bureau de la charika, triste comme les pierres, incapable de travailler, matant les murs encore un peu blancs et le mobilier morose.
Le téléphone fixe sonne, c’est en général le directeur qui veut vous voir pour vous rappeler à l’ordre ou une personne perdue qui cherche quelqu’un et qui vous a pris pour le standard.
C’était la réception : « madame, il y a un bouquet de fleurs pour vous ».
What?
Avant de me trouver, le bouquet avait fait le tour de plusieurs étages, tout l’immeuble était donc au courant et hilare.
Je descends, interloquée, un énorme bouquet de roses rouges m’attend.
Je savais déjà pas qu’on pouvait faire livrer des fleurs en Algérie, alors à moi, au boulot, c’était la big surprise.
J’avais une idée de qui c’était, une amie merveilleuse. Mais évidemment, tout le monde autour pensait que j’avais un mystérieux amant.
Alors que c’était mieux que ça! J’avais une amie prête à me redonner le sourire et l’éclat de rire, et mission réussie.

 

J’étais bête de déprimer comme ça. 28 ans, c’est encore grandement l’âge de tous les possibles, de toute la jeunesse.
On a gagné un peu en maturité ( à peine), on sait un peu ce qu’on veut, beaucoup ce qu’on veut pas, mais les erreurs sont légitimes. On a pas de rides, peut-être 3 cheveux blancs ( et on pleure en les comptant!). On récupère moins bien des longues soirées mais on les fait quand même, on n’ose plus la nuit blanche, mais parfois elle nous rattrape et dans ces cas, y a toujours une amie ou deux qui la subit aussi et qui discutaillera avec nous entre 3h et 6h du mat.

 

Les vieilles dames nous diront « tu n’es pas mariée? Tu as quel âge ma fille? » -Aaaah tu es jeune, mais hadak houwa*! Avec toute la bienveillance du monde.
Et nous on comprendra pas pourquoi cet empressement.
Alors qu’on se presse aussi pour d’autres choses.

 

On aura des envies de voyages entre copines, des envies de rencontres éphémères qui durent, et on acceptera le deal de la souffrance. On aura pas assez vécu en fait. Pas assez vu. On sera encore assoiffées. Makhlou3ates** de la vie.
Chaque chose sera bonne à prendre, on vivra sous le mantra du « profite, profite ».
On pensera qu’on a le temps, tout en ayant déjà conscience de chaque moment.

 

Certaines n’auront pas le temps, elles n’examineront pas leurs premières rides à la loupe comme si la survie du monde en dépendait , elles n’auront pas 28 ans. Leur sublime jeunesse sera figée, vivra ailleurs, dans le corps et le regard des autres.
Et plus personne n’aura à chialer du temps qui passe, parce que c’est merveilleux de pouvoir avoir 28 ans.

 

Joyeux anniversaire à tous ceux qui sont nés un 18 mai ! On fait aujourd’hui un revival du Club Dorothée et on vous chante une chanson!

 

Mamzelle Namous

 

*yalaaa il est temps! 

**des so excited de la life! 

White is the Color of..

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L’autre fois, quelqu’un me disait qu’Alger c’est fini, qu’Alger c’était avant (dzayer bekriiiii), qu’il n’y a plus rien à construire, à faire, que c’est le règne de la médiocrité et de la morosité. Qu’il fallait partir, fuir ailleurs.
Et j’ai trouvé le mot « fuir » à point. Je ne sais pas s’il est juste, mais il résonne.
Quand on quitte « sa ville », peu importe la raison, on a ce sentiment de fuite. En avant, en arrière, en n’importe comment, je sais pas.
On quitte un amour, un bleu du ciel, un t-shirt blanc sous une chemise bleu. Ce t-shirt dont on apercevait juste le col, d’une blancheur irréprochable et qui nous donnait envie de plonger dedans.
Sauf qu’à un moment on ne peut plus. On le regarde, mais l’envie de succomber se teinte de trop de triste. Et quand les sentiments deviennent marrons, la vie est morose oui.
Alors faut arrêter, partir. Loin, si on peut.
Une dizaine d’heure d’avion, ça serait le rêve. Se réveiller dans un autre fuseau, la peau un peu sèche, peut-être un peu grise, mais remplie de quelque chose.
Voir un autre ciel, d’autres arbres, des gens différents. Qu’ont plusss le sourire et l’envie de parler vraiment. Alors on se dit qu’il y a une vie à se faire, qu’Alger et son col blanc ça sera du souvenir heureux.
Mais cette forme d’Alger plane toujours quelque part dans l’air. Ca plane tellement fort qu’on voudrait l’attraper et tout recommencer. Ca cogne contre le soleil, ça pince le ventre, ça fait mal à la gorge.
Mais c’est déjà quelques heures plus loin, et au fur à mesure, ça sera peut-être quelques vies avant.

Mamzelle Namous