L’autre fois,  en un jour joli de vendredi , on s’est tous levés tôt pour aller à la plage, en famille. Au complet. Le truc qui n’est pas arrivé depuis 1999.

Le père, la mère, les frères et les soeurs, la grand-mère, la tante qui traîne toujours dans les pattes. 
Wow wow ce serait le bonheur….. 
On était debout à 9h, on a enfilé nos maillots, on s’est disputés sur le nombre de serviettes à prendre, on a cherché les paréos et les crèmes solaires, on s’est gueulés dessus parce que Machine avait fini l’huile de monoï. 
On a pas voulu prendre de petit dej’ pour garder le ventre plat ( enfin les filles, enfin moi quoi).
Quatre heures et cinq sacs de plage plus tard, on a grimpé dans la voiture. Manquait plus que les thermos. 
Ah mais si on en avait un. 
Encore un peu , et on embarquait la pastèque, mais on est des gens classes tout de même. 
Dans la voiture, les enfants ( moyenne d’âge 23 ans) se sont pris la tête car personne ne voulait s’asseoir au milieu, et tout ce chahut a énervé les parents. Des cris se sont entendus. On a évité la distribution de gifles, on est des grands enfants quand même. 
On allait enfin démarrer, quand ma mamie a hurlé qu’elle avait oublié son téléphone, elle a couru vers la maison, et on l’a attendu une demi-heure.
En l’attendant, les enfants ont voulu descendre de la voiture, mais les parents  ont eu peur qu’on se disperse trop, qu’on revienne jamais et nous ont contraint à rester assis.
Le père voulait pas gâcher la clim, alors on avait chaud, et la mère l’a traité de radin. L’ambiance a chauffé, et les enfants se sont faits tout petits. 
Sur la route, on a chanté (yeah yeah yeah) , on a dansé ( là je crois que j’ai vu passer une claque), on a draguouillé les mecs ( on reste discrètes, l’enfant sait avoir des  réflexes d’ado). 
Une fois arrivés à la plage, les enfants se sont mis d’accord pour rester sages et ne pas éveiller la bête qui sommeille en chacun des parents. Nous les avons donc laissé choisir le coin le plus pourri, bien entouré de familles.
Vous savez planter un parasol vous? Parce que nous, vraisemblablement, non. On dira que c’est à cause du vent, et des débats sur le positionnement idéal de la chose. 
Moi je regardais ailleurs, j’ai pas pu aider. 
La chose s’est envolée au moins cinq fois, a failli éborgner plusieurs personnes, et on a dû la tenir avec les mains à la fin. 
On a couru comme des sous-dev vers l’eau mais  y avait des méduses . Et les enfants ( les vrais, les moins de 10 ans, pas nous) s’amusaient à les attraper avec leurs seaux. C’était très mignon. 
Mais complètement inconscient, les parents sont fous de laisser faire ça. 
Cette dernière phrase est de ma mamie. 
Du coup nous, on avait tellement peur, que mêmes les algues, on les prenait pour des méduses. Et on est restés sur le sable, à boire du thé, manger du chocolat fondu, et des melons baignés dans de la vodka (ça c’était dans mes rêves et les suggestions non suivies de mamie). 
On s’est racontés nos petites aventures de mer. Comment Machin est resté balafré pendant TOUTE UNE ANNÉE après qu’une méduse l’ait chopé. 
Comment Machine a été piqué par une araignée de mer en 1990 et a dû se faire OPÉRER aux URGENCES.
Ensuite, c’est de la surenchère évidemment. 

Ca s’est fini par la tante qui a croisé un ours de mer au large de l’atlantique.

« C’est pour ça que t’as une sale gueule ? », on lui a demandé ( dans nos rêves). 
Au bout d’un moment, le soleil qui tapait fort, la faim , la fatigue ont conduit les enfants à faire ce qu’ils font de mieux : pleurnicher pour rentrer à la maison. 
Cette après-midi là, on a oublié qu’on avait tous au moins 18 ans. 
Nous sommes rentrés à la maison, grillés par tant de soleil, ressemblant à des sablés à la cerise. 

Quatre inondations dans la salle de  bains plus tard, la bonne humeur était revenue et on a fait ce qu’on fait de mieux aussi , on s’est moqués de nous.
Le lendemain, on s’est tous levé très tôt pour aller à l’aéroport. Accompagner notre soeur qui va poursuivre sa vie sous de lointains cieux.
Sur la route, on a joué à « Qui peut draguer le plus de mecs en voiture« . C’est ma soeur qui a gagné le plus de sourires, parce que c’est la plus belle. Et que j’étais trop rouge.
Sur place, on a beaucoup ri, beaucoup trop. Mais ça n’a pas pu empêcher les larmes d’au revoir.
On s’est quittés plein de mélancolie.
Le lendemain de son arrivée, ma soeur m’appelle. Elle meublait son nouvel appart, et me dit  » Minaaa, je suis allée faire des courses,  un vendeur m’a arnaqué! « 
Moi  « Ewwww, déjà! Méfie toi, c’est des voleurs là bas, qu’est ce qui s’est passé?« 
Elle:  » Il m’a vendu une lampe de chevet sans ampoule!« 
Euh…………………………. C’est normal non? Attends j’ai un doute, je demande à Maman. 
Moi « Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa c’est normal d’acheter une lampe sans ampoule??« 
Le temps d’un instant, on a oublié qu’on avait toutes deux au moins 20 ans.
Ca nous a ravi cette enfance intouchable.
Ma mère en était dépitée. 
Elle qui nous appelle quatre fois par jour pour s’assurer qu’on mange bien, qu’on travaille bien, qu’on dort un peu au moins.
Ca nous sied bien ce cocon.
J’espère que ma soeur, au loin, continuera de le ressentir.  Parce que la famille, qu’on soit collés comme des sardines dans une bagnole, ou séparés par des « il est quelle heure chez elle déjà?« , c’est un truc qui vit en vous. Un truc increvable.
Et ça c’est le bonheur, wow wow …….

Mamzelle Namous