Prélude: Quand une amie est joliment très très très attirée par un homme, que ça lui prend son air et notre air, qu’on passe des minutes et des minutes à se demander si c’est réciproque….et qu’elle s’autorise à ce que ce mélange de précarité et d’attente heureuse soit visible, je suis prise d’empathie. Je deviens vaporeuse à mon tour et j’écris un texte nian-nian:
 

 

« Depuis peu, ou déjà un peu, il y a cet homme que j’aime. Je parle d’amour, parce que c’est ce mot, en ce qu’il est déjà un sentiment, qui me vient.

Cet homme, pas pris, pas seul, il est beau.

Il est grand, évidemment. Il boit du café, il fume la cigarette et en fin de soirée, je voudrais prendre son parfum qui se mélange au tabac, à l’alcool et aux mondanités.

 

L’autre jour, je l’attendais au restaurant. Il faut que j’arrive plus tôt pour me mettre, me fondre dans l’endroit et vérifier ma face aux toilettes.

J’ai pris un verre, deux verres. A quelques minutes de sa venue, j’ai couru au miroir pour me remettre un peu de mascara et un peu de parfum (ou trop peut-être, j’ai un problème de dosage).

 

Ce stress, gorgé d’excitation (c’est un mot récurrent à mes jours), je l’adore à ce moment-là.

J’ai envie d’être tellement belle. J’ai peur de mes défauts quand il est là. En ça, je me sens coooonne. Mais c’est la vie, on dit.

 

J’ai, depuis lui, la légèreté de mon visage d’enfant. J’ai le visage d’état amoureux, clair. Je dors nerveuse, et je me réveille pleine de son prénom.

Il occupe beaucoup mes conversations, il me faut lui donner une existence quand il n’est pas là.

Je parle de lui à des gens qui ne le connaissent pas, j’ai besoin de déborder.

Sinon, il y a ce rien douloureux qui me prend l’intérieur du sang.

 

Dans les moments de grâce, j’ai la sensation authentique d’être heureuse et que tout est, enfin, à sa place. (expression qui a, étrangement, un sens)

 

Mais, depuis lui, il y a aussi cette vulnérabilité qui me prend. Une forme de peur, qui peut devenir une honte aussi (mais le mot est fort, je le concède).

On dit qu’il faut se protéger de ses sentiments, du risque de l’espoir qui s’essouffle. Mais je sais pas faire ce truc bizarre, et je veux pas faire.

 

Je préfère être fidèle à l’enfance, et vivre avec la peur de devenir un lieu isolé.  »

 

 

 

Mamzelle Namous, hors sujet.