
Pour notre plus grand plaisir, ça commence à sentir le mouton dans les rues. Le pauv’ petit mouton pris entre les filets, qui cherche à s’enfuir, qui sait bien ce qui l’attend. Qui augmente son prix chaque année dans l’espoir qu’on l’achète pas, mais qui subit quand même le sort de la pute de luxe.
Pas assez cher pour toi.
Des voisins ont lancé un appel au boycott : tant que ça sera aussi ridiculement cher, faut pas céder à l’achat. Les vendeurs profitent du devoir religieux, les gens se sentent obligés, y en a qui s’endettent, alors y’en a qu’ont décidé de pas s’entêter.
Et puis l’Aid c’est comme les anniversaires, on se sent pas de les fêter en grande pompe chaque année.
Quand on était gosses, et qu’on le fêtait avec la grande famille, notre seule envie c’était de libérer le mouton, et de le rendre à sa place: dans un champ verdoyant infini, entrecoupé d’arcs-en-ciel.
Mais on pouvait pas, alors on observait le « sacrifice » du coin des yeux, mi-fascinés, mi-dégoûtés, et on morflait de l’odeur.
Ados, on se la jouait rebelles en s’enfermant dans la chambre, parce que beurk ça puuuuuuuue! Et puis ça porte atteinte à la dignité de l’animal attends, vous êtes des sauvages, bande d’arabes.
Ouais, quand on est ado (et donc très très con), on croit tellement qu’on ressemble pas aux autres qu’on se croit américain.
Mais la plupart des années, on était en petite famille, on achetait de la viande et on faisait un mini-barbecue avec des frites et de la mayo maison. La vraie tradition quoi.
Et puis ensuite, une fois que l’Aid ne correspond plus à l’acquisition de nouvelles fringues, de don d’argent et de bonbons, on s’en fout un peu parfois.
Ca fait des longs week-end quand ça tombe bien, ça calcule avec les ponts, ça fait que les gens s’appellent beaucoup trop, et que de retour au taff, tout le monde veut te taper la bise et te demander avec sincérité et profondeur « 3ayadtou bien? la famille ça va? ». Même les gens qui t’aiment pas trop, ça les intéresse.
Au travail, y a des gens qui font le tour de chaque bureau pour souhaiter « saha aidek » à des personnes connues et inconnues. Une tâche colossale quand l’entreprise est grande. Et c’est à la fois bizarre et touchant, parce que certains y croient vraiment à leur vœu.
Alors que toi, à part si t’es amoureuse, aimée et parfaitement heureuse (la simultanéité de ces événements se produisant une fois tous les 10 ans), t’as aucune envie d’aller distribuer de l’amour, du vrai, à des gens que tu connais pas ou dont la gueule te revient pas.
En somme, t’as l’impression de ne pas être touchée par la grâce les jours où il le faut. Tu t’en inquiètes un peu parfois, t’as pas envie d’être une connasse blasée au ressenti amer.
Mais on t’as appris que la grâce c’était pas quelque chose de prévisible qui allait venir à toi à des moments fixés et que tu pourrais partager avec tout le monde.
Non, on t’as appris que la grâce c’était un truc imprévisible, irrésistible et indépendant de la volonté. Qui lance des pulsations au milieu des trachées et qu’on peut pas maîtriser bien comme il le faut.
Ta grâce choisit pour toi à qui elle s’adressera. Et pour ceux qu’ont en un peu en eux, ça sera écrit sur ton front.
Pour les jours et les mois et les années à venir, je souhaite qu’on se partage encore beaucoup beaucoup de choses, avec grâce, avec grâce, avec grâce.
Mamzelle Namous
Hada Makan
le 8 octobre 2013 à 17 h 33 minTu nous a manqué
W
le 8 octobre 2013 à 17 h 39 minbaaaaaaaaaa333333, beeeeeuuuuuu3, baaaaaaa33333, beuuuuu3333 …etc
un fan plus qu'un critique
le 8 octobre 2013 à 19 h 24 minChere Mademoiselle ,
Tu nous as manqué. Je pense que cette pause t’a fait du bien. Je percois le plaisir que tu as eu à ecrire ce texte, libérée des contraintes d’etre une blogueuse dont les textes sont attendus (à juste titre) et qui parfois me semblait parfois ceux d’une pro du blogging ( ce n’est pas qu’une critique)taraudée par la page blanche à noircir coute que coute.
Il y a dans ce texte, du rythme et de la formule.
Tout ca pour dire, qu’on patientera, mais continue à ecrire que quand tu en as vraiment ( mais vraiment envie)
gasper
le 8 octobre 2013 à 19 h 54 minHé !
La photo est horrible :||||0°^¨^ (une tête qui a vu Namouss à son réveille, donc qui est horrifiée :D)
Enfin et avant que les salafou fous fous viennent nous dire que le mouton c’est « le devoir » (comme le vote d’ailleurs) de tout bon muslim je profite pour dire qu’il y a pas mieux que l’étape adolescent, enfermé dans une chambre ou un cabano (cabane) loin de tout parasite animal ou humain d’ailleurs, à profiter de ce que la nature marocaine offre de meilleurs et de ce que la culture bavaroise brasse au travers le monde.
Bref vivement l’3achoura.
b
le 8 octobre 2013 à 21 h 11 minc’est très mal écrit ce coup-ci ou c’est moi…???!! Oo
Juba
le 8 octobre 2013 à 21 h 12 minTrop longue attente :( Tu nous as manqué . :p
miroooooouuuuu
le 8 octobre 2013 à 21 h 26 minÇa correspond pas au sentiments de la plus part des algériens musulmans..donc si c’est écrit à une catégorie bien précise ou au étrangers c bien fait :)
Homo Erectus
le 9 octobre 2013 à 1 h 42 min« si t’es amoureuse, aimée et parfaitement heureuse (la simultanéité de ces événements se produisant une fois tous les 10 ans) » c’est déjà pas si mal une fois tous les dix ans ! En fait je me contenterai bien de « parfaitement heureux » si ça se pouvait.. pour en revenir au sujet, l’Aîd el Kebir, c’est une fête religieuse que je n’ai jamais vraiment apprécié, même étant jeune.. j’aimais bien voir le mouton se convulser en giclant du sang (et j’aime toujours) c’est mon côté amateur de gore, mais les étapes suivantes (slikh, te3lak, hidoura etc) me faisaient chier et surtout voir tous les vieux cons malodorants du voisinage qui te saluent à peine en temps normal venir te taper la bise barbouillés de sang, me foutait un de ces cafards..
Betty
le 9 octobre 2013 à 2 h 21 minBonne analyse même si je trouve qu’à la fin du texte cette notion de « grâce » est placée de force et ne coule pas de sens…à mon sens :)
Bravo et de « grâce » ne vous arrêtez pas d’écrire et de partager avec nous vos pensées ;)
Hannah
le 9 octobre 2013 à 8 h 36 minPauvres moutons qui sont les martyrs des 3 « grandes » religions!!
Et le Dieu des moutons?
Il se tourne les pouces….:))
Fantôme d'Alger
le 9 octobre 2013 à 21 h 13 minAhlan…
hummm Je n’ai pas trop aimé ce texte: du GAD quand il a perdu son humour. Ala kouli hal, parfois, on a besoin de seulement raconter des faits simples…
Pour ma part, J’adore cette fête, notamment le premier jour…nfouh bel kebch, neslekh, manedbahch parce que mansellich, mais j’aurais aimé le faire…parler de tout et de n’importe quoi avec les voisins, la bonne ambiance, on nous sert des cafés avec elhalwa (de quoi apprécier une bonne cigarette)…Tout est bien. Et puis, bnin echwa d’une viande toute fraîche…
Le problème c’est le soir…Y’a personne dehors!!! Ils font quoi les 2 millions de khorotos qui restent sur Alger? En plus, tu t’habilles bien, parce que c’est l’Aid, et que le matin t’étais dégueulasse!!! Tu sors, takhlas alik b cartoun fok trottoir!
Saha idkoum les tchoutchs! Et sortez le soir, allah yesterkoum!
FLM (Front de Libération du Mouton)
le 9 octobre 2013 à 23 h 49 minSus à la barbarie! moutons, révoltons-nous! suicidons nous avant le D-Day!
gasper
le 10 octobre 2013 à 19 h 41 min@FLM : un motoun ne peut conduire des moutons vers la révolte ;-)
Il vous faut un bouc !
Homo Erectus
le 10 octobre 2013 à 20 h 08 minC’est l’histoire d’une famille qui a acheté un mouton six mois avant l’Aïd.. Ils lui ont trouvé une place de choix dans la maison, le nourrissait, jouaient avec lui, lui disaient bonjour le matin, c’était devenu le petit chouchou de la famille.. Peu à peu ils ont commencé à le sortir les week ends, les enfants jouaient avec lui et il avait même appris à parler, le mouton.. Pendant le Ramadan il assistait la mama pour la chorba et le bourek.. Il posait dans les photos de famille en Ray Ban Wayfarer et soufflait les bougies pour les anniversaires.. Le jour de l’Aîd el Kebir approchait, le quartier fut envahi de moutons avec le bruit et l’odeur et l’ambiance jouissive qui précède l’immolation collective du jour j.. La veille de l’Aïd le mouton est quasi-dépressif, il mange à peine, ne bêle pas, ne parle pas, reste seul dans son coin.. La famille décide d’envoyer le papa lui parler et lui expliquer que ce n’est pas eux qui ont décidé de son sort mais Dieu, que c’était comme ça et qu’ils l’aimaient quand même.. Le papa y va hésitant.. à l’entrée de la chambre, il surprend le mouton en train de pleurer à chaudes larmes.. il lui dit alors « mais allons Kebchou, notre mouton adoré, qu’est-ce que t’as ? tu sais bien qu’on t’aime ! » et Kebchou de répondre « Oui je sais sniffff mais je suis trop triste.. ça me rend malade que toutes les familles du coin ont acheté un mouton pour l’Aïd sauf nous.. »
Mina Namous
le 10 octobre 2013 à 20 h 15 minHahahahaha!!!
Thomas
le 10 octobre 2013 à 21 h 27 min« La simultanéité de ces évènements se produisant une fois tous les 10 ans »
Cette phrase me frappe : elle donne l’exacte fréquence de mes amours.
Je trouve également la photo très bonne, notamment en raison de la diagonale de l’échelle isolant l’enfant situé à sa droite.
Votre nom
le 11 octobre 2013 à 10 h 20 minHomo Erectus elle est bien ton histoire. Cela me fait penser à tous ces émigrés qui font leur possible pour s’intégrer parfaitement dans la société française allant jusqu’à en oublier leurs propres origines et qui ne se rendent absolument pas compte qu’un jour un matin on leur fera leur fête.
Moins fatalistement et plus cinématographiquement cela me fait penser à Stephen dans le film Django.
Mina Que la grâce soit en toi!
S
le 11 octobre 2013 à 13 h 34 minCoucou le monde !
C’est la première fois que j’écris sur ce blog…mais bon ça, vous vous en fichez…n’empêche, un petit ‘sois la bienvenue’ ne serait pas déplaisant u_u
BREF, revenons à nos moutons à l’essentiel, j’ai aimé ton récit, contrairement à certains, je trouve que « qestiha » Bien que je ne sois pas de tout avis sur l’émotion que tu éprouves pendant cette fête, c’est quand même triste de ressentir de la rancune et du désespoir durant cette journée sacrée…Je pense que c’est dans les choses les plus banales et dans CES moments les plus simples qu’on peut retrouver le bonheur, et c’est justement ce petit bien être qui nous fait pétiller.
MIna namous
le 11 octobre 2013 à 15 h 51 min@ thomas: l’enfant derrière l’échelle, c’est moi ;)
@ S: je te rassure, ce n’est pas que j’éprouve des sentiments négatifs, c’est juste que des fois, je ne ressens pas de « bonheur » particulier justement.
Parfois c’est vrai on est porté par l’évènement, par l’histoire, les symboles, mais c’est pas systématique.
b
le 11 octobre 2013 à 22 h 25 minune question me taraude mlle Namous… pourquoi accepter si mal la critique (négative j’entends)? Lorsque l’on écrit, on s’y expose forcément et essayer de s’y soustraire n’est pas digne.. de vous (du moins de l’idée que je me faisais de vous en suivant vos publications depuis plusieurs mois maintenant). elle doit servir soit à se remettre en question soit à conforter et expliquer ses positions, ses choix… elle peut même être le moment préféré de celui qui s’y expose, le moment où il défend férocement et avec conviction et encore plus de verve que dans le texte initial ses idées, son idée du moins. l’accepter vous grandirait à mon humble avis.
l’un de vos fidèles lecteurs
Mina Namous
le 11 octobre 2013 à 22 h 32 min@ b : pourquoi dis tu que j’accepte si mal la critique? ;)
b
le 11 octobre 2013 à 23 h 05 minune (fausse) impression… ;)
moh-alger
le 13 octobre 2013 à 13 h 33 mintu nous a manqué
l’image est parlante , je pense que c’est un mauvais spectacle pour les enfants.
mais pour les ados , c’est hypocrite d’aller se cacher dans une cabane pour ne pas voir le sang du mouton et ensuite aller aux jeux vidéo et se mettre dans la peau d’un militaire américain et tuer plein plein d’arabes et de musulmans. Les occidentaux bombardent des civiles avec leurs bébés et ensuite ils viennent nous donner des leçons d’humanité !!!!!
à bon entendeur
saha aidkoum
Mina Namous
le 14 octobre 2013 à 14 h 53 minmoh-alger, on peut être justement très très con à l’adolescence!
on s’est manqué aussi :)
moh alger
le 20 octobre 2013 à 13 h 36 minoui oui , on peut être très con à l’adolescence
et rester adolescent toute sa vie hahahahahaha
saha aidek
Thomas
le 21 octobre 2013 à 21 h 53 min« J’en suis à tant d’adolescence… ! Cinquante-deux ans après ma naissance, je me frotte encore les yeux d’étonnement. Il n’y a que le bonheur qui m’ait aidé à vivre ; je viens seulement de comprendre qu’il pouvait se confondre avec l’amour. Je m’y suis donc voué. J’ai voulu saluer chaque jour d’une phrase, une ligne, comme le joint d’une nuit à l’autre. Et ce n’est jamais moi le plus seul, quand je suis seul. Si je me suis trompé, en disant : je t’aime, je préfère avoir dit : je t’aime. On ne me fera pas envier celui qui a eu raison sans aimer. » (Philippe Léotard, Pas un jour sans une ligne)
Alivanclitte
le 22 octobre 2013 à 11 h 43 minAlea Jacta Est :)
vent2sable
le 24 octobre 2013 à 16 h 53 minLe Sultan de Brunei a décidé d’introduire la peine de mort par lapidation pour adultère, l’amputation pour vol, le fouet pour la consommation d’alcool…
http://m.timesofindia.com/world/rest-of-world/Sultan-of-Brunei-introduces-tough-Islamic-punishments/articleshow/24536930.cms
Bon, ce sera appliqué « au cas par cas », et « seulement aux musulmans ».
Traduction : on fait plaisir à nos radicaux pour qu’ils restent tranquilles, mais faut quand même pas trop effrayer le touriste.
Le groupe des gouvernements musulmans qui sent monter la pression s’agrandit.
Thomas
le 30 octobre 2013 à 0 h 30 minBonsoir vent2sable,
Il semble que vous teniez pour certain que les gouvernements musulmans subissent une pression internationale ayant pour but d’infléchir leur sévérité. Si tel est le cas, le regrettez-vous vraiment?
Omar Gatlatou
le 1 décembre 2013 à 7 h 57 minPour notre plus grand étonnement, ça commence à sentir l’humain dans les rues. Le pauv’ petit humain pris entre les coutumes, qui cherche à s’enfuir, sans se soucier de ce qui l’attend. Qui augmente sa cadence chaque année dans l’espoir qu’on l’attache pas, mais qui subit quand même le sort de la pute moral.
Pas assez bête.
Sa conscience a lancé un appel au boycott : tant que ça sera aussi ridiculement fade, faut pas céder à l’achat. Les vendeurs profitent de la conscience religieuse, les gens se sentent culpabilisés, y en a qui cèdent, alors y’en a qu’ont décidé de s’entêter.
-Quand il était bête, et qu’il vivait avec la petite famille, sa seule envie c’était de se libérer, et de se faire une place : dans un champ verdoyant infini, entrecoupé d’arcs-en-ciel. Mais il pouvait pas, alors il observait la nature du coin des yeux, mi-fascinés, mi-dégoûtés, et il morflait de peur.
Mi-bête, il se la jouait maitre en s’enfermant dans le domaine, parce que beurk ça puuuuuuuue! Et puis ça porte atteinte à la dignité de l’humain attends, vous êtes des bêtes, bande d’esclave. Ouais, quand on est chef (et donc très très bestial), on croit tellement qu’on ressemble pas aux autres qu’on se croit surhumain.
Et puis ensuite, une fois que le bonheur ne correspond plus à l’acquisition de nouvelles fringues, d’argent et de bonbons, ça fait des longs poèmes quand ça va bien, ça fait les ponts, ça fait que les gens voient beaucoup trop, tout le monde veut se taper la bise et l’offrir avec sincérité et profondeur. Même les gens qui ne savent pas trop, ça les intéresse. Y a des gens qui font le tour des mots pour souhaiter la bise à des personnes connues et inconnues. Une tâche colossale quand la bêtise est grande. Et c’est à la fois bizarre et touchant, parce que certains y croient vraiment à ce vœu.
Alors que nous, même si on est flattés, craints, et parfaitement adulés, on a aucune envie d’aller distribuer de l’amour, même faux.
En somme, on a l’impression que ces gens sont touchés par la grâce. On s’en inquiète un peu parfois.
Myra
le 26 janvier 2014 à 16 h 54 minGrave, grave, grave…Heueusement que je n’ai jamais assisté à cette barbarie ! Y a bien des abattoirs, pourquoi le faire dans les rues et de surcroît devant des enfants…Sans oublier les odeurs nauséabondes que ça dégage, le manque d’hygiène et j’en passe !!!! Je déteste ce jour…
v2s
le 7 octobre 2015 à 12 h 47 minParfois Internet, c’est « magique », parfois c’est surréaliste !
Comme je suis très très curieux, j’ai mis le texte ci-dessus dans le traducteur automatique Google.
Verdict :
1/ C’est du japonais !
2/ Ce texte japonais semble ne pas avoir de rapport avec le thème du billet. Ce serait plutôt un éloge à Mina, des compliments sur la façon dont elle fait vivre son blog qui est qualifié de « trop cool ». Étonnant non ?
Mais c’est peut-être un message codé ? À l’attention d’étranges espions ?