Achoura[1] ! Fiesta[2] ! Pas de travail ! Chekhchoukha[3] !

Après cette longue semaine, où j’ai glandé non stop, j’ai bien droit à un peu de repos.

Semaine haute en couleurs. L’évènement le plus important n’est pas le changement de direction, mais la nana qui menace de se suicider car elle en marre de pointer.

Non c’est pas moi. Moi je m’en fous, je suis cool, j’aime parapher avec mon spécimen.

J’aime que de gens s’inquiètent de ma présence.

J’aime être payée à ne rien faire. Ah mais non j’ai pas été payée. Ca se passe comme ça ici, quand tu bosses dans le public, faut misérer les premiers mois. Faut galérer, faut apprendre que la vie c’est dur.

Quand au bout de 8 mois, tu demandes si ta fiche de paie est arrivée, on te regarde comme si tu venais d’une autre planète, «  Mazaaaaaaaal m.elle Namous, mazaaaaal[4] » !

Quand je descends à la Banque vérifier quand même –eh oui l’espoir fait vivre- je suis immédiatement propulsée dans le passé.

On a aussi tous vu des films de 14h50 sur TF1 où l’action se déroule à New York, où Sarah Goldman cherche son frère qui a été déporté dans les camps nazis, et où elle se rend dans un bureau de retrouvailles des juifs. Vous voyez un peu l’ambiance ? Eh ben la banque en bas c’est ça.

Si vous voyez pas, révisez vos basiques.

Quand je demande si je peux voir si mon salaire a été viré, le type (pas juif, pas américain, pas grand beau brun qui m’emmènera à Aspen), comprends pas ce que je dis. Une minute d’explications en franlgérien plus tard, il me demande si j’ai un compte chez eux. Bah oui ducon, sinon je serai pas là à te demander ça.

Vas y que je te donne mon rib, vas y qu’il vérifie sur son ordi (le premier ordi avant J-C).

Et vas y que non y a rien, faut attendre. Ok, y a pas de problème, c’est pas comme si j’avais besoin d’argent.

C’est pas comme si la ville regorgeait de tentations shopping, des restos hype, de terrasses chauffées.

Le shopping je préfère pas en parler, c’est un sujet trop douloureux pour moi.

Les restos, bon… la nappe en carton ça a son charme aussi !

Les terrasses… . De toute façon, moi je dis que ça se fait pas de manger dehors alors qu’y a des gens qui crèvent la dalle.

Non mais j’exagère un peu, y a du bon shopping (les autres l’ont trouvé, pas moi), y a des restos où nappe satinée tu trouveras, y a des terrasses où amis tu retrouveras et où parfois lapin on te posera.

Attendre seule sur une terrasse à sidi yaya[5], c’est quelque chose. Etre entourée de connasses frangées slimées blondassés analphabétisées qui sucent leurs pailles du haut de leurs 18 ans, matées par des vieux calvitiés sous-directeurs du directeur adjoint, qui de leurs doigts saucissonnés n’arrivent pas à tenir correctement une petite tasse de café.

Et toi seule au milieu, brunée, jamais bien  coiffée, à te demander ce que tu fais là,  à regarder l’heure, à supplier ton téléphone de vibrer, à attendre quelqu’un qui ne viendra pas. Après 30 minutes je me réfugie chez un marchand de DVD et achète un Hitchcock. Faut un truc grandiose pour me faire oublier mon calvaire. Dieu merci, Grace Kelly est à la hauteur de mon mal.

Je me dis qu’un jour moi aussi j’aurai la grâce et la classe. Et même pas besoin de fric pour ça.

 

Mamzelle Namous


[1] Jour ferié
[2] Vous comprenez pas le spanish ?
[3] Met traditionnel raffiné, comme son nom l’indique si bien
[4] Attends ma vieille

[5] Quartier branchouille merdouille