« Les jolis garçons », c’est un titre de livre que je n’ai pas lu, que j’ignore de quoi il parle. Mais l’expression, elle me suit. C’est à cause du mot joli, probablement un de mes mots préférés, et un trop petit mot pour toute la joliesse qu’il exprime.

 

C’est aussi à cause des hommes. Certains, quand ils vous regardent, ils vous envoient du joli à pleine vue, et ça vous en met plein la vie. Du coup, les filles détournent, baissent le regard, s’embrouillent de timide, et ne savent plus quoi dire.

 

Les jolis garçons, ce sont ces hommes qui ont de l’espiègle dans les yeux. Qui du coup, même s’ils sont grands, vous rabattent dans l’enfance, avec les petits gars qui vous faisaient chavirer dans la cour de récréé.

 

Quand ça m’arrive, je veux me revivre, et je traîne dans le quartier où j’ai grandi. Un jour, j’ai voulu entrer dans mon école primaire. C’était en plein mois de ramadan, les gosses étaient déjà sortis.

Je dis au gardien que j’étais là avant et que j’aimerais juste y faire un petit tour. Il me demande «  Kriti wella Kariti? » (t’étais élève ou maîtresse?)….. 

Euh…. Non mais mec, tu m’as vu moi et ma fraîcheur juvénile? On a l’air d’avoir 50 ans?

 

C’était plus petit que dans mes souvenirs évidemment, mais s’asseoir sur un banc en pleine cour,  c’était comme regarder des bribes de passé. Repenser aux garçons qui courent après les filles, aux petits tabliers que l’on portait tous, à nos petits manteaux, aux bisous volés, aux joues rougissantes.

Je souriais comme une demeurée, et le gardien m’a chassé.

Quand je suis rentrée à la maison, toute heureuse d’être allée dans mon école primaire, ma soeur m’a sorti « wech tu te la joues pied noir qui fait son come-back? » 

 

Voilà, les jolis garçons, ce sont ceux qui vous donnent envie d’envisager l’enfance.

Vous les rencontrez deux, trois fois dans votre vie. Si vous êtes conne, vous partez sans rien dire, sans rien demander. Avec la conviction que le fait des choses qui vous a réuni vous fera vous recroiser encore.

Vous êtes conne quoi……

 

Ou pas.

 

Dans le monde, il y a des villes majestueuses, qui crient au romantisme. Et il y a des villes comme Alger, qui crie au loup. Mais qui derrière des portes, recèle des surprises, d’autant plus surprenantes, que rien ne les présage ou ne les projette. Des surprises, telles des apparitions, dont la disparition ne nous surprendrait même pas.

 

C’est pourquoi j’aime Alger, pour cet étonnement là. Au  milieu de l’ennui, du gris de la ville, du noir, des gens qu’on n’aime pas, il y a des coups de théâtre dans des détours.

 

Ce sont les jolis garçons. Ce sont les caprices qu’ici on aime bien.

 

 

 

 

Mamzelle Namous 




p.s : je viens de lire le résumé du livre, qui donne envie d’être lu! Si je le trouve, je le laisserai sur un banc tiens, et je dirai où, pour qu’on puisse jouer (enfin) au passe-livre (book crossing, , livre-libre, kitab hor……).