Pensez vous que nous disposons de suffisamment d’espaces de divertissement dans notre ville ? Si votre réponse est négative, alors rejoignez le mouvement! Samedi 29 au stade du 5 Juillet, on va shake shake shake ! A partir de 15h, ça se passe au parking, et ça sera pas glauque pour autant, ça sera esprit on s’aime on danse on est heureux. Pas besoin de savoir danser, pas besoin de ramener de pancartes. On fait pas la rizvolution, on est pas des excités qui rêvent d’être Mustapha Guevara. On va juste shaker du booty, ensuite on va tous aller manger une pizza et rentrer dormir. Et l’année prochaine on prend les mêmes et on recommence !
On va pas se poser de questions, scander des slogans, jouer aux grands, se faire tabasser par la police, être emmené au poste. Ah que j’aimerai être embarquée au poste quand même. Raconter ça à mes futurs enfants. Comment votre mère, en sortant de chez le coiffeur à Meissonnier, s’est retrouvé au milieu des manifestants, comment elle a sorti sa bombe de laque pour se vaporiser les cheveux, et comment un flic a cru que c’était une bombe de la mort qui tue. Comment j’ai dis à Saïd S. qu’il avait pris un sacré coup de vieux, et qu’il m’a dit que c’était pas trop grave parce que son fils prendrait sa place.
Comment votre mère s’est retrouvée sur les fichiers de la police alors que je vote toujours Boutef et qu’aujourd’hui encore je vote pour lui (rassurez vous, j’ai eu mes enfants jeune).
Toujours est-il que manifester n’est pas mon divertissement préféré du week end. Je préfère rester chez moi regarder mes voisins se fighter. Entre celui qui construit le 5 ème étage de sa maison et celui qui a pris sur le trottoir pour faire un garage. Entre celui qui bloque la ruelle pour décharger des briques et celui qui se plaint que son terrain vide soit devenu une décharge publique. Dans quel merveilleux monde je vis. Un monde sans urbanisme. On devrait manifester pour ça, le retour de l’urbanisme dans la vie publique. On attend que nos parents finissent leurs constructions illicites, et on s’organise ça ? Cool, on pourra danser aussi !
Le week end est aussi l’occasion pour les gens de fêter le mariage de leurs progénitures. Et de vous emmerder en vous invitant. Si par hasard ce jour là vous avez eu un bouton de fièvre et que vous avez pas pu y aller, vous serez taxée de haute jalousie. Toute fille absente à un mariage est de ce fait jalouse de la mariée. Le mariage étant le but ultime de chaque vie, et la jalousie la caractéristique principale de chaque fille.
Pourtant ça arrive d’avoir des boutons de fièvre (ça arrive même à des gens très bien). Un jour à moi aussi ça m’est arrivé. Je suis allée à la pharmacie demander des patchs pour boutons de fièvre. Et la nana m’a dit « Non, on en a pas, mais on a des patchs pour les points noirs ». La connerie est la caractéristique principale de tous les gens à notre service. On devrait manifester pour ça aussi, mais ça va être long et fatiguant et on passera pour des cons.
Alors on va faire avec la connerie ambiante, parce qu’il paraît que la socialisation passe par l’adaptation au milieu. Manifester contre la connerie c’est conforter les cons et s’en foutre. Si vous y arrivez, combat réussi. En attendant, continuons à souffrir. Si ça vous empêche de dormir, n’allez pas à la pharmacie demander des somnifères. On risque de vous proposer des préservatifs.
Ca me rappelle une fois où je suis allée dans une librairie demander si y avait des livres de Romain Gary, et qu’on m’a répondu que non mais qu’il y avait du Yasmina Khadra. Ok, je veux bien, mais c’est pas parce qu’on est algérien qu’on doit nous fourguer systématiquement cet auteur. Si vous l’aimez pas trop, c’est limite une offense à l’algérianisme. Et Dieu que sait qu’y a pas que ça dans la littérature algérienne, non ?
On devrait manifester contre les monopoles d’opinion aussi….
By the way, Romain Gary est introuvable à Alger, comme beaucoup d’auteurs. Alors, à mon petit niveau, je voudrais lancer une pratique. Les livres qu’on finit, au lieu de les ranger sous le lit (c’est bien là que vous les mettez aussi ?), ou de les passer à des potes, les réclamer ensuite comme un radin, on devrait les laisser sur un lieu public et ainsi quelqu’un trouvera votre bouquin, le lira, et fera la même chose. Cette pratique porte un nom, que j’ai oublié (je l’ai découvert à l’époque où je lisais des magazines sérieux, que celui qui retrouve le nom parle maintenant!). J’ai essayé une fois, à la plage, avec un livre de Romain Gary justement et c’est assez cool comme impression. On se demande qui va être le repreneur du livre, on se met à imaginer, on se dit qu’un jour on va retrouver notre exemplaire chez notre futur mari, et qu’on criera OH MON DIEUUUUUUUUUUUUUUUUUU !!!! Bon, le mien a du être emporté par une vague, mais je porte encore l’espoir qu’il soit entre les mains du plus bel homme du monde.
Evitez de laisser votre livre dans certains lieux, comme les bancs publics. Parce que personne de décent ne s’assoit sur un banc à Alger. Ou dans un resto, parce que le serveur va croire que ce livre laissé là seul est un livre piégé. Et en bon algérien il va prendre ses jambes à son cou appeler la cellule anti-terroriste.
Alors qu’un livre ça sert juste à nous faire du bien. Danser aussi ça nous fait du bien. Alors venez samedi !
Mamzelle Namous