Jeune Vie Algéroise revient vite avec de nouveaux articles. JVA est un peu déprimée en ce moment, pas pour cause de mauvais temps. Mais pour cause de mise en péril de sa santé mentale.
La vie de famille est à consommer avec modération. Faire fi des caleçons des frères qui traînent dans la salle de bains le matin.
Passer 15 minutes à apprivoiser ses cheveux, être contente du résultat, et avant de sortir entendre sa mère dire « Ben mina tu te coiffes pas? »
De quoi passer une excellente journée… Journée ponctuée par les coups de fil exaspérés du père, pour cause de manquement aux obligations d’accomplir certaines formalités administratives. Oublier de refaire son passeport équivaut à être une ratée chez mon père. Alors ça crie, ça crie.
La journée s’achève par certaines tâches ménagères. Après quelques mois de vie familiale, on finit par admettre que non la maison ce n’est ni un resto, ni un hôtel. Il faut participer, comme dans loft story.
Sauf que loft story version famille algérienne, c’est le grand ménage du printemps toutes les semaines.
Et moi j’ai quelque chose de particulier avec le bordel, j’aime ça. J’aime pas les vies trop rangées.
Quand je pense au mois de ramdane qui arrive, je pleure.
Je me sens tellement coincée dans la ville qu’une sortie un samedi à Staoueli m’est d’un grand exotisme. Si on fait abstraction d’un tas de choses, c’est un coin encore sympa. Suffit de regarder constamment en l’air pour voir les jolies constructions d’avant, fermer les yeux sur les horreurs urbanistiques, se boucher les oreilles à chaque passage d’émigrés ( je sais pas pourquoi ils kiffent autant Staw), et apprécier une glace. Je me suis tellement habituée au prix de Sidi Yaya et autres El-Biar, que lorsque le glacier m’a annoncé 100 dinars pour 4 boules (oui que pour moi), je me suis écriée Oh c’est tout! J’espère que je suis pas passée pour une émigrée. Non ils ont un français bien à eux, les émigrés qui traînent à Staw.
Je me suis perdue sur le chemin de la forêt de Bainem aussi. Là c’est carrément l’équivalent du tour du monde pour moi! C’est magnifique. Toute contente d’avoir vu du pays, je raconte les road trips de mes week-end à mon amie Naelle qui habite aux Émirats. Je reçois en échange, ses récits à elle. Dans une phrase, il y a un voyage à Oman, un concert de Maroon 5, du yoga, de la piscine, et du shopping.
Notre amitié a survécu à ça.
Le jour où je lui dis que j’ai un copain, elle va m’annoncer son mariage avec un prince arabe, j’en suis sûre.
Dans cette vie, je repense à cette phrase « Je connaîtrais donc à nouveau le découragement des réveils où ne s’annonce aucune joie; le soir la caisse à ordure qu’il faut vider; et la fatigue et l’ennui. » C’est de Simone de Beauvoir dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée.
J’aurais pu l’écrire cette phrase (sans le style, et sans la caisse à ordures!); et il y a presque un an je pensais qu’elle me suivrait.
Mais j’ai décidé de voir la ville en beau, ça implique souvent les yeux au ciel, un merveilleux nuage ça déçoit jamais, la tête en l’air, un peu l’air con, mais je vois plus de beauté autour. Et ça enlève son charme à cette idée que l’ennui est inhérent à Alger.
J’ai même envie de me mettre au streetstyle, vous savez cette pratique qui consiste à prendre des gens qu’on trouve stylés en photo et à mettre ça sur un blog.
Y a quelques mois je me disais qu’il n’y avait pas assez de gens qui me plaisaient dans les rues, et que de toute façon personne n’accepterait.
Mais depuis quelques temps, j’en vois beaucoup, des gens qui seraient des visages à JVA. Vous en pensez quoi?
Mamzelle Namous