Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, Mais enivrez-vous, Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé , dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; Enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Archive du mois : juin 2011
jui
Ivresse
Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, Mais enivrez-vous, Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé , dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; Enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
jui
After Dark
En attendant? La Shame Pride fait rage.
Mamzelle Namous
jui
le cœur au ventre
Dans la vie il faut parfois être sérieux et parler de choses sérieuses avec des mots sérieux. Comme le fait religieux et la morale dans la civilisation arabo-musulmanne.
En ce moment, me préoccupe le mariage, parce que c’est l’épidémie de la saison, et parce que ça semble déterminer notre existence. Depuis l’enfance.
Un jour que j’avais 13 ans, mes premières règles (ouais désolée pour les détails sanglants), et des douleurs atroces, et que je me plaignais dans tous les sens, ma tante me sort » Tu verras, tu auras moins mal quand tu te marieras ».
Hein? En quoi le fait d’enfiler une robe blanche Jean-Paul Gaultier (je pensais que j’allais devenir très riche), de me faire passer la bague au doigt et de signer un papier allait-il avoir un impact sur ce qui se passe là dans mon ventre? C’est l’effet corset?
Regard salace de ma tante « Non mais un jour tu comprendras. »
Un jour je comprendrai que le rapport intime de l’intimité atténue les douleurs. Chez certaines femmes. Enfin je dis ça, mais moi j’en sais rien, j’ai juste lu ça dans un magazine féminin.
Un autre jour que j’avais un peu mûri (j’avais quand même 15 ans et demi) , qu’avec des amies on parlait de la nuit de noces, et que l’une d’entre elles disait que c’était le sujet préféré des filles, que c’était un truc qui les faisait rêver, j’ai senti qu’un truc clochait. Chez elles ou chez moi.
Pourquoi attendre de signer un contrat pour passer à l’acte? Etait-ce pour ça que le tout le monde voulait se marier le plus tôt possible? Et si une fois passé la corde au cou, le mec est un mauvais coup? Et si une fois mariés, le mec est un vrai connard qui saute sur tout ce qui bouge? Si vous divorcez au bout de six mois?
Quel est le sens de la légitimité du sex?
J’étais d’accord pour attendre. Parce que de toute façon avec la tête que j’avais, j’étais condamnée à la vertu. Mais pour attendre le grand amour, pas le mari.
Attendre l’homme que tu aimes avec le cœur au ventre. Avec qui toute ta vie prend son sens.
( NB : si vous connaissez un type qui ressemble à cette description, filez lui mon mail).
Le mariage lui n’est que la contractualisation du sens des choses.
Et moi, ce qui se passe là dans mon ventre, ça ne regarde ni le droit, ni la religion, ni le maire. Sauf si, attendez, il ressemble à quoi le maire d’Alger?
Alors voilà j’ai grandi, et je grandis, avec cette idée.
Encore un autre jour où j’avais un peu vieilli (c’était hier), je suis allée chez l’esthéticienne. Il fait beau, les jambes sont de sortie, faut bien arracher le poilou. Offerte à ses mains, je lui demande de passer au poilou du minou (ouais ouais désolée pour les détails poilants).
Elle me demande » Tu es mariée? »
-Euh non…
-« Qu’est ce que tu t’en fous alors? »
Je replonge dans mes 13 ans, je ne comprends pas, je voudrais être méchante mais elle a de la cire et je suis nue, alors je ne dis rien.
Elle ajoute » Non non mais c’est bien de le faire dès maintenant, comme ça quand tu te marieras, ça sera plus facile. »
-Ouais ouais justement c’est pour ça que je suis venue, parce que ce matin je pensais au jour de mes noces, et j’ai décidé d’investir à l’avance dans le business du poil.
Allongée face à elle, je pense à la vertu, à la pudeur, à la pureté. Des valeurs dépassées par des symbolismes symboliques. Des valeurs rabaissées et salies. Mais certainement pas par le fait amoureux.
Mamzelle Namous
jui
Les Prêcheurs
Vendredi, jour du seigneur.
J’ai bien essayé de les replacer après avec mes parents, mais les mots sortaient pas de la même façon. Sur elle c’était du genre » La portée médiatique de cette affaire nous a contraint à nous plonger dans une indécence, d’une portée quasiment métaphyisque, nous a étalé la vulagrité de la vie publique et alors que lui dort dans une prison dorée, nos sens sont vautrés et nos pensées enchaînées« .
Sur moi, ça donnait « L’affaire strauss-khan bezaf ! ».*
Regard affolé de ma mère.
Le samedi où tu maudis le mec, qui y a 2 ans a bougé le week-end jeudi/vendredi. Tout ça pour être à l’heure internationale. Fallait peut-être y penser en 62 à l’international. Tout fout le camp.
Après bénédictions et malédictions, tu vas à la mairie retirer un papier hyper important pour faire un autre papier qui te permettra de t’inscrire à la piscine municipale. La mairie n’est pas équipée d’ordi, elle marche aux registres ( gros grands cahiers, souvenez vous), grosses chaises en cuir dignes des réunions FLN (souvenez vous, c’était y a pas si longtemps), la machine administrative est si lente que je crois qu’on a remonté le temps. 62 est encore là, rien n’a pas foutu le camp.
Prions pour ce pays. Nos âmes peuvent attendre.
Mamzelle Namous
jui
La Mort Heureuzzz
Avec l’été les moustiques. Ca pique, ça gratte, ça met de la pommade, ça fait chier sa race. On veut leur peau.
Après eux, ton petit frère qui les chasse à coups de coussin et ton grand frère qui les attrape à coups de main. Ca marche une fois sur deux. L’autre fois c’est toi qui t’es pris la baffe ou le coussin dans la face.
Avec eux ton père qui rentre tout content d’avoir acheté un appareil à électrocuter les moustiques. Ambiance chaise électrique au dîner. Ambiance shoah chez les Namous.
Avec l’été il y a mieux. Y a la plage, y a les amours de vacances et l’espoir d’en choper un (de mec, pas de moustique). Je suis passée pro en la matière.
Imaginez une plage vide au matin qui se lève. C’est magnifique ce silence. Les éboueurs ne sont pas encore passés, ils ne passeront qu’une fois sur trois. Ce matin là quelques sachets s’envolent avec le vent, quelques melons sont emportés par les vagues.
Dans le décor il y a moi, levée de mon insomnie, un livre à la main. La Chute de Camus.
Et assez près un homme, qui lit un livre aussi. On peut imaginer que c’est un Dostoïevski, ou « Comment gagner au poker » de Bruel. C’est au choix.
Deux êtres seuls sur une plage ; le moment nous rend beaux. Mes neurones se mettent en place pour trouver une stratégie d’attrapage. Y a beaucoup de vent, je pourrais faire semblant de me noyer, mais s’il ne vient pas, est-ce que ça vaut le coup de risquer sa vie pour l’image de l’éventuel homme de sa vie ? Un neurone s’électrochoque contre un autre en essayant de répondre à cette question.
Qu’aurait fait Gabrielle Solis (alias Eva Longoria) dans cette situation ? Sortir de l’eau, le buste en avant, le cul dandinant, les cheveux au vent.
Ca a l’air facile, je tente la marche séduction massive. Mon maillot colle en haut et baille en bas. Je n’arrive pas à savoir si mes sourcils sont bien en place, mon nez n’a pas l’air net, mes pieds font des pas de géants, et le vent plaque mes cheveux à gauche. Et mes mains, ça se met où des mains d’habitude ?
J’arrive à ma serviette, et prends un miroir pour vérifier l’état de l’intérieur de mon nez. Le geste le plus classieux de l’histoire. C’est à ce moment là qu’il me regarde, je le sens, je le sais.
M’en fous, j’abandonne pas. Je mange un biscuit major, je me mets de la crème solaire qui sent bon et je fonce le voir mon bouquin en main. « Bonjour, désolée de t’importuner. Voilà je viens de finir mon livre, et je trouve ça sympa de le donner à la première personne croisée. Tiens ».
Ca s’appelle de la drague à l’intello. Ca s’appelle être une naze aussi. C’est au choix.
Il me sourit, mon cœur fond, mon nez coule, et grâce au vent je me prends un sachet dans la face.
Il rigole comme rigolerait un prince (pas celui de Machiavel, un de Monaco). Ma dignité s’électrocute au contact de mon sang.
Il prend le livre et s’en va.
Non je n’avais pas noté mon numéro dedans…
Non je n’avais pas fini de le lire….C’est quoi la chute alors ?
Trente minutes plus tard, ma cousine arrive à la plage. Elle m’essuie la trace de chocolat sur ma lèvre et les résidus de crème solaire. Je ressemblais donc à un albinos qui aurait rencontré un pot de Nutella. J’ai l’égo d’un moustique bafoué en plein vol.
J’ai raconté mon coup de la foudre à ma cousine, on l’a surnommé « le lecteur ».
Plus tard cet été, on l’a revu. A la lumière de la foule ordinaire, on l’a rebaptisé « Hannibal Lecteur ».
L’intensité du soleil ce jour là, la plage, cet étranger, la folie, ma sottise et Camus ont eu ma peau.
Mamzelle Namous
jui