Durant le merveilleux mois du Ramadan, que nous aimons d’amour, et que nous jubilons, le degré de coolitude de l’algérois dépend de ses sorties nocturnes.
Lassée de toujours répondre par la négative à la question » Alors t’es sortie hier soir? », j’ai décidé de me bouger dimanche dernier. Parce que les gens cool sortent en début de semaine, c’est bien connu.
Je regardais les nombreuses invits ( les gens cool reçoivent beaucoup d’invitations) et rien ne me tentait; quand soudain, une amie me propose un concert d’un groupe de musiciens amateurs, algérois, qui écrivent leurs propres chansons à texte.
Un truc très intello/bobo/cool/chic, à faire un dimanche soir.
Seul hic: ça se passe à Sidi Fredj (pas cool l’endroit), et à l’hotel Riadh (connais pas mais ça m’a semblé glauque).
Mais c’est pour la bonne cause, la belle musique des gens beaux.
Je propose à un ami, et il me dit » Ca marche, je passe te chercher à 9h, sois prête ».
Euh… mais moi à 9h, je mange encore….
La phrase pas cool à sortir.
Le soir S arrive, je m’éclipse de table, je propose le concert à ma soeur. « Viens, c’est un concert de musiciens qui écrivent leurs chansons et font des reprises de chansons françaises. »
Ma soeur » Qu’est ce que je t’ai fait de mal? Mina tu devrais pas y aller, tu vas te faire chier, apprends de tes expériences ».
Je n’entends rien, je suis cool, et je grimpe dans la voiture.
Mes amis sont des jeunes journalistes qui ont des appareils photos énormes à en faire rougir le mien, qui ont des grosses lunettes de vue à la mode, et qui veulent interviewer le groupe.
Trop méga cool.
On arrive au Riadh, et dès le parking, l’ambiance s’annonce, musique techno à fond en sourdine, personnes bizarroïdes qui traînent, 900 dinars l’entrée.
Au programme, de la musique, de la danse orientale, des comiques. Cherchez l’intrus.
La salle est décorée pour ressembler à un lounge. Objectif raté. C’est joli mais on a tous mal au dos. On est placés par un mec qui a un diadème sur la tête. Très cool le mec, mais comme on est des algériens, on s’est juste moqués de sa gueule de princesse.
On nous apporte du thé imbuvable, et on attend que la salle se remplisse.
Au bout d’une heure, une danseuse orientale commence son show. Très jolie tenue, très beau corps à t’en faire regretter les dix pistaches que tu viens d’engloutir, et quelques déhanchements à en donner le tournis aux garçons, et aux filles aussi, avouons le.
On est pas vraiment dans l’ambiance douce guitare/paroles enlevées, mais on patiente.
Le groupe de musiciens monte sur scène, son nom c’est NR2 ( je ne sais pas d’où viennent ces initiales), et ça déchire. Les paroles sont sympas, la musique aussi. Ca me rappelle l’époque où j’écoutais Bénabar, Carla Bruni, Vincent Delerm, etc…. Ces références sont peut-être pas les bonnes (ils se réclament de Brassens Renaud, etc…), mais c’est ce qui m’est venu.
Malheureusement, la sono est mauvaise. Ils font une pause et laissent la place à un duo d’humoristes.
L’incohérence dans une programmation, c’est un truc vraiment pas cool.
Passons sur le sketch lamentable. Et parlons de la dispute qui a eu lieu entre deux blondasses mal fagotées et des gros messieurs. Moi quand je vois une bagarre, je veux tout savoir tout de suite.
Je me plante en face d’eux, et je demande » Qu’est ce qui se passe? » ( J’ai lu quelque part que si on demande quelque chose avec assurance, on nous prend toujours au sérieux).
J’attends toujours la réponse à ma question.
Plus tard, le concert reprend, le public ne correspond pas, et c’est bien dommage.
Le décor non plus. Un concert de ce genre ne devrait pas se mixer avec de la connerie autour. Ca devrait être le centre de la pièce et de l’attention.
Un concert aussi doux devrait se jouer dans un bar intimiste, avec des gens qu’ont une bière à la main et l’envie d’écouter.
Ca devrait se jouer sur une plage la nuit, au milieu d’un groupe d’amis.
Une musique qui s’écrit, ça devrait se chanter dans un lit au petit matin.
Partout, mais pas dans une vulgaire salle, où l’on expose des pots en céramique, et où la canette de coca se boit à 200 dinars!
Une salle où les gens n’ont pas assez de classe pour applaudir à la fin d’une chanson.
En sortant de l’hôtel, il y avait les embouteillages de ceux qu’étaient venus voir Irban Irban se produire dans la salle à côté.
On est un peu désillusionnées dans la voiture, le concert était cool. Mais le reste si médiocre…
On dira que c’est ça l’Algérie, que c’est pas facile d’être musicien dans ce pays. A moins de se fondre dans le décor.
Mais les gens cool ne se fondent dans les décors, c’est bien connu. Les artistes encore moins.
Bon courage à eux.
Mamzelle Namous
p.s i love you : la photo est de ma copine Shahinez avec son gros appareil de pro.
p.s i love you too : vous pouvez retrouver le groupe nr2 ici , et leur demander le sens de ces initiales, parce que moi j’ai posé 7 fois la question, et personne m’a entendu, alors khlass je demande plus!