Il y a un an, le blog jeuneviealgeroise.com était lancé. Avant ça, j’avais publié quelques articles sur facebook le même mois, et un jour, quelqu’un m’a dit « Non mais crée un blog merde« .

Allez hop.
L’été d’avant, je me réinstallais pour de vrai à Alger. Plus juste des vacances ou l’insouciance des années d’école.  Je redécouvrais, au quotidien, Alger, ses absurdités et ses éclats de rire. Un tas de choses m’étonnait, et je radotais.  Ma mère se contenant de me dire «  C’est ça Alger…« .
Une fois, par exemple, alors que j’étais allée au magasin Nedjma pour acheter une clé internet , je me  suis retrouvée avec une vendeuse qui m’a expliqué pendant 35 minutes comment le truc marche, comment il ne marche pas, ce qu’il faut payer, les modalités, les trucs à éviter, elle prend mon nom, on se met d’accord sur l’abonnement, on s’éclate. Je dis « C’est bon, je paye où? ».
La nana me sort  » Mais là elles sont indisponibles les clés« .
« Euh t’aurais pas pu le dire y a une demi-heure, on aurait gagné du temps ».
« Mais mademoiselle, vous m’avez demandé des renseignements, je vous ai renseigné ». 
« Non mais attends je vais te frapper ! « 
Cet été là, je lisais les mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir, et certains passages me faisaient me questionner sur cette nouvelle vie algéroise que j’avais choisi, en famille.
L’expression jeune vie  me trottait dans la tête et ne me lâchait plus.
Le même été, il y a eu le travail. Le contact avec les gens, le mascara chaque matin, la circulation étourdissante,  regarder les femmes dans l’ascenseur et voir qu’on a les mêmes gestes de fard à paupière. Les déjeuners avec les collègues.
Si vous dites non, vous êtes cuites, wech hassba rouha hadi. ( traduction: mais pour qui elle se prend cette connasse?)
Si vous dites oui,  vous passez une heure et trente minutes à essayer de manger proprement , à penser à comment vous allez partager l’addition,  vous tentez de trouver des sujets de conversation, ou d’avoir des gossip sur les autres collègues, vous ne savez pas comment retirer le noyau d’olive resté dans votre bouche.
Il fallait bien cracher le noyau, et un jour, c’est sorti. Ca c’est appelé jeune vie algéroise, ça a parlé  de rien,  du soleil d’Alger, des jours plus gris.
Un jour, j’étais avec un ami  dans un café, je grignotais des cacahuètes, et sans faire exprès, j’ai mis une pistache dans ma bouche.  J’attendais qu’il regarde ailleurs pour la recracher. Le con il me fixait.
C’est long trois minutes avec une pistache entière dans la langue.
Je l’ai enlevé discrètement, j’ai joué avec. Elle m’a glissé des doigts , elle a roulé vers lui. Il l’a prise, il a joué avec, elle lui est tombée des mains. Elle s’est retrouvée par terre la pauv’ pistache.
La fille de la table à côté l’a ramassé, et..….l’a mangé!
Je regardais, abasourdie et éclatée, la trajectoire improbable de cette pistache.
Au quotidien, je ne suis pas le genre de nana qui répète à ses amis qu’elle les aime, qu’elle les remercie, que sans eux ça ne serait pas pareil.
C’ que je dis c’est  que passer une année avec vous c’est vachement bien quand même  putain.
Mamzelle Namous