La mièvrerie est entrée dans ma vie mes chéris. Elle s’était déjà immiscée un peu, mais là, depuis quelques semaines elle prend toute la place, tout son temps. Alors j’attends qu’elle s’en aille, pour épargner la prose trop nian-nian. La prose des mots d’attachement et de détachement.

 

Mon frère se marie très bientôt. Son départ, sa chambre qui se vide ( le con il prend ses meubles avec lui), ma mère qui me demande si les dragées sont assez brillantes ( je découvre que ça peut briller une dragée oui), ma grand-mère qui négocie le prix des paniers à gâteaux comme Gazprom négocierait le prix du gaz, mon père qui distribue les cartons d’invit’ comme on dit bonjour …tout ça fait que  je ne retrouve plus les gens de la  maison.
J’ai envie de croire qu’on fait tous ces chichis pour ne pas trop penser au vide après.  Faut pas, par exemple,  que je songe à la fin des trajets matinaux avec mon frère, à ses  chemises que je ne pourrai plus voler, à lui qui ne pourra plus se servir dans mes crèmes les jours où même la peau des garçons tire un peu  (ouais j t’ai vu!).
Tout ce trop qu’on s’impose pour la fête,  c’est parce qu’on veut que cette veille de son départ soit à la hauteur de tout, à la hauteur de lui. Et la merveilleuse intention se noie dans les gâteaux, les robes, la chbeh safra,  la disposition des tables,  dans tout ce qui brille.

 

Depuis que je vois le dessous des préparatifs, je pense au temps qui grandit, aux gens qui partent, à la peur des liens qui peuvent se distancer un peu, par l’inévitable.

 

Alors j’attends, je vois courir.  Je me focalise sur les jolies rencontres, sur l’amour qui ne sort jamais de la vie, je relis du Nina Bouraoui,  je regarde les arbres, et ma gorge prend de doucereuses tonalités nian-nian!

 

 

 

Mamzelle Namous