Souvent, je passe devant des vues de gens qui méritent, à mon oeil, d’être captés et montrés. Je voudrais être de ceux qui se baladent avec un appareil photo et qui s’arrêtent pour choper de la beauté.  Mais en plus du fait que je suis nulle en  prise de photo, la mission me paraît impossible. Les inconnus parfois ça marque, et ça reste longtemps.

 

Toute à l’heure, à Hydra, une bande jeunes motards ( flics ou pas) sous un pont, arrêtés, à rire. Le visage tellement malicieux, cette malice made in algeria.

 

Hier, à Didouche, un jeune homme qui tenait la main d’un très vieux monsieur en traversant ( son grand-père ou pas). Ca m’a rappelé les cannes invisibles, ces enfants qui portent leurs parents.

 

Avant-hier, rond-point du Boulevard des Martyrs, une femme, visiblement étrangère ( peut-être sortait elle de l’hôtel St-georges et attendait quelqu’un), postée là, au milieu du passage des voitures, l’air un brin perdu. Une longue robe d’été, et un foulard autour des épaules, vraisemblablement pour cacher ses bras.

Un tout petit peu plus bas, une autre femme avec son enfant, apparemment d’ailleurs aussi, dans la même posture d’attente.  En longue robe d’été et foulard autour des épaules. Je me suis demandée si c’est l’âge qui veut leur pudeur, ou si c’est l’Algérie. Si quand elles sont chez elles, en France ou en Allemagne ou je-ne-sais-où, ces femmes cachent leurs bras et leurs jambes comme ça. Si c’est  une forme de  respect ou  une instruction touristique d’un autre âge.

 

Plus bas, vers le Sacré-coeur, là où y a la foule, les filles vont et viennent, gorge et épaules dénudés.

 

Le 4 juillet, à minuit, devant la grande poste, avec l’Algérie en bribes et les feux d’artifice. Je pensais pas me retrouver là, et que le serrement des coeurs serait aussi palpable.  Rien n’y prête, ni les parades ridicules quelques heures plus tôt, ni l’écran windows en haut de la grande poste (vraiment n’importe quoi) , ni la médiocrité du feu d’artifice ( je suis une snob des fireworks, ça doit péter du feu de dieu ou rien).    Mais à l’entente de l’hymne et des voix maladroites des gens, des yeux malicieux des petits gosses ( encore la malice oui), et de l’étendue du souvenir dans le creux de la lèvre d’une grand-mère,  on se dit que, dans toutes ces histoires de commémoration du cinquantenaire, seul cet instantané compte.

 

 

Mamzelle Namous

L’autre Jolie Vue