J’ai suivi de loin l’affaire des Femen, j’ai lu vite fait des choses sur leur naissance en Ukraine durant l’euro 2012, où elles en avaient ras-le-bol d’être considérées comme des prostituées. Ca avait un certain sens.
Ensuite leur « mondialisation », les déambulations dans les rues de Paris, les Femen tunisiennes, Amina portée disparue et tout le boucan que ça a fait.
Je fais partie de ceux qui ne voient pas trop le sens de montrer ses nichons pour revendiquer des droits, aujourd’hui. Mais bon, me suis pas penchée suffisamment sur le sujet pour avoir un vrai avis. Mais d’instinct, ça m’accroche pas.
Et puis j’aime pas mes seins.
J’ai, en revanche, hurlé de rire en voyant la page facebook Femen Algeria. Parce qu’au-delà de la timidité des photos postées pour l’instant, ça correspond pas du tout à la réalité algérienne.
La réalité algérienne, c’est qu’on arrive même pas à faire la libération du cheveu : de plus en plus de nanas choisissent de se voiler et beaucoup d’entre elles ont une façon très étrange de la faire (le voile « i’m sexy and i know it »). Ce qui conduit à une société qui ressemble à un grand n’importe quoi.
Dernièrement le magazine Dzeriet a d’ailleurs consacré un article au phénomème de la voilée sexy.
L’angle du papier : les filles obligées de se voiler ont choisi la sexyitude ( maquillage outrancier, jean super slim, décolleté, tout le tralala qui est devenu banal dans les rues) pour s’affirmer et montrer au monde qu’elles restent femmes et féminines malgré tout.
La sexytude (pour pas dire le ridicule) comme outil de libération féministe en somme.
J’ai trouvé l’article un peu incomplet…
Autour de moi, les nanas qui se voilent ont choisi de la faire délibérément, sans aucune pression familiale. D’ailleurs souvent, dans une même famille, l’une le porte, l’autre pas.
C’est vrai que certaines se sentent obligées de le mettre car dans leur entourage ou leur quartier, toutes les nanas sont voilées et donc elles ne veulent pas se faire remarquer en se différenciant.
Mais ça reste un sentiment d’obligation, pas un coup de force ( psychologie de comptoir, quand tu nous tiens).
Un tas d’articles et de gens viennent aussi nous expliquer que le voile a été un instrument de libération sociale pour les femmes qui choisissent cette voie: à partir du moment où elles le portent, elles peuvent tout faire, car elles ont ce masque de protection face à la rue et à une certaine intimidation sociétale : travailler, sortir, communiquer…..
(Certaines ont étendu le champ des possibles: faire sauvagement l’amour au bois des arcades.)
Comme beaucoup, je comprends le voile comme cette envie personifiée de pudeur. Dans mon enfance, les femmes voilées étaient celles d’un certain âge, ou extrêmement discrètes, pâlottes du visage et de la bouche, sorte de sacralisation de la sagesse. Se cacher les cheveux équivalait à une pudeur qui leur correspondait. Chacun son truc.
Aujourd’hui, on voit bien que ces dernières sont minoritaires, et la bombe voilée a pris le dessus dans les rues. Enlevant tout son sens à la symbolique du voile ( Je n’y adhère personnellement pas. A mes petits yeux, ça réduit encore plus l’homme que la femme, mais c’est pas la question).
C’est devenu tellement banal cette mode de la hijabia limite poufiasse qu’on ne s’en étonne plus, sauf quand parfois on entre dans une pizzeria et qu’il n’y a que ça (t’as l’impression qu’elles sont en congrès parfois), et qu’on trouve ça triste quand même. On dit que ça ne ressemble à rien, et que surtout, ça ne ressemble pas à l’Algérie. On répète que cette façon vulgaire de le porter et de le voir proliférer partout, c’est pas nous.
C’est quoi nous? ( là si je pouvais dessiner un énorme point d’interrogation).
Alors importer le mouvement Femen ici, sous le simple prétexte que ça existe ailleurs, ça paraît un peu incongru. Ce qui avait une certaine logique en Europe de l’est, à un moment donné, n’en a pas forcément ailleurs.
Tout comme féminisme européen et américain diffrèrent complètement l’un de l’autre.
On n’a pas fini de tourner en dérision les voilées sexy et elles n’ont pas fini d’envahir les rues et de nous mépriser un peu. Certaines ont en plus l’air d’avoir la conviction que les non-voilées sont, de facto, des salopes.
Des fois j’ai envie d’en attraper une et de lui demander le pourquoi du comment.
Parce que franchement, je sais pas.
Je sais rien du tout en fait, mais j’ai vraiment le sentiment que montrer ses seins, pour faire avancer une cause, c’est déjà dépassé ou à l’inverse trop prématuré.
C’est vrai qu’on est déjà hors du temps et à l’ouest pour plein de choses en Algérie, mais importer un truc juste parce que c’est à la mode dans certains pays, c’est pas très chic. Nos seins méritent mieux que ça, non? Gardons les à leur jolie place bien chaude et concentrons nous sur cet air trouble qui étouffe nos cheveux. Ils le valent bien.
(ok, je sors 😉
Mamzelle Namous