J’en avais un peu parlé sur instagram , j’ai parfois envie de faire des choses différentes avec le blog, de faire un peu de récit, comme on djit. Ce n’est pas la première fois, mais là c’est un peu plus long, c’est peut-être le début d’une histoire, que je posterai au fur et à mesure si ça vous intéresse. Ou ça s’arrêtera peut-être là, comme certaines histoires d’amuuuurrr!
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« J’ai fait un voyage avec Vincent Cassel, un long voyage, dans un pays lointain. Chaud et pauvre et parfois très beau. On est arrivés au petit matin, il a voulu sortir tout de suite parcourir la ville, alors que j’étais fatiguée et voulais dormir. Mais j’ai pas voulu faire la rabat-joie, alors je l’ai suivi. J’ai suivi son corps dans les rues, les magasins presque tous fermés, certaines personnes qui se pressaient, les banques qui ouvraient. On a croisé des petits chiens errants qui le suivaient aussi. Quand les chiens me collent, j’ai tendance à fuir, lui il aime ça. Il dit que c’est comme des compagnons de passage, ils marchent un peu avec toi puis s’en vont vers quelqu’un d’autre. Je préfère quand ce sont les hommes qui font ça, je sais mieux gérer.
Y avait des chiots tellement petits qu’on aurait dit des rats. J’avais envie de courir mais voulais garder bonne figure. Mais je crois qu’on le dupe pas, Vincent Cassel.
A un moment, j’ai senti qu’il aurait bien voulu se débarrasser de moi, qu’il aurait préféré être tranquille dans ses occupations. On s’est attablés dans un petit café, aussi petit qu’un rat-chiot, et tellement crevée, j’aurais pu laisser tomber ma tête sur la table, alors que lui plaisantait gaiement avec le serveur. A ce moment-là il m’a un peu énervé, j’ai décidé de partir. Rentrée à l’hôtel, démaquillage, déshabillage, endormissement massif.
Après quelques heures, je me réveille mais Vincent n’est toujours pas là, j’entends même pas la douche. Alors j’y vais, l’eau coule peu. Mais c’est pas grave, tant que ça coule pas marron ou jaune, ça me va.
Je peux pas l’appeler, mon téléphone ne marche pas. Je tourne en rond dans la chambre, défais nos valise, je cherche ses secrets. Il a pris plein de blocs-notes avec lui, comme s’il avait tant de choses à écrire. Et des petits appareils je sais pas à quoi ils servent.
Moi j’ai plein de sandales et une paire de baskets. Toutes les touristes ont le même look ici, robe ou short court et basket. Pour être à l’aise sur le bitume, pas trop heurter les traces de crachat aussi. Les hommes crachent beaucoup, c’est comme en Algérie. Un problème avec la salive qu’on peut retenir. Beurk.
Vincent crache pas j’espère.
Je vois la vue, que c’est joli. On a vue sur mer, c’est lui qui paie. C’est qu’il est quand même bien plus riche que moi. Et je finis par descendre dans le hall. Y a plein de gens plongés dans leur téléphone ou ordi ou tablette. C’est le seul endroit de l’hôtel où le wifi marche. On se croirait dans une base de journalistes d’un pays en guerre. J’aimerais me plonger dans les gens, être comme eux, occupée, affairée, donner des nouvelles, poster des photos, mais rien n’y fait, j’attends Vincent.
Il est peut-être là d’ailleurs, connecté. C’est qu’il se la joue solitaire comme ça, mais il aime bien se la raconter dès qu’il le peut. Et je le retrouve en effet enfoui dans son ordi. Il a dû venir le chercher sans faire de bruit.
Il a l’air content et surpris de me voir, un grand sourire. Et beaucoup de cernes aussi, le pauvre. Là d’un coup j’ai un peu de peine pour lui, ça recommence. Je voudrais porter son monde sur mes épaules et lui dire «it’s gonna be fine», être convaincante comme dans un film.
Mais c’est une phrase stérile qui sort de ma bouche.
On prend un verre, il ferme son ordi, ouvre grand les yeux pour les garder ouverts, il devrait aller dormir le pauvre mais il veut pas. Il veut tout voir, tout imprégner, garder le rythme. Il est beau, il a de très belles mains et un très joli dos. J’aime beaucoup quand il sourit aussi, quand il a bu et qu’il est de très bonne humeur. Quand sa malice vient, quand il est rigolo et partageur, sinon parfois entre nous, c’est un peu la loose, mais je m’adapte.
Vincent c’est l’homme que j’aime mais je crois que lui ne m’aime pas autant. Peut-être même pas beaucoup, je sais pas trop. Je reçois des signaux confus. J’ai beau interpréter et déchiffrer, je me confonds moi-même. Quand on se dispute, je raconte à mes amies ce qu’il m’a dit ou fait, et c’est encore plus le brouhaha. Chacune y va de sa théorie. Y en a une qui me dit « tu sais, ça va te faire mal, mais je pense qu’il ne t’aime pas autant que tu l’aimes… »
Oui c’est bon je sais, merci pour le scoop.
Y en a une qui me dit qu’il n’aime que lui-même, comme tous les connards de la terre. C’est peut-être pas faux.
Une autre qui y croit, qui lui trouve toutes les circonstances atténuantes. Même quand vraiment on est dans les cas du désespoir. Genre quand il me dit qu’il n’a plus de capotes, alors que j’ai vu une boite chez lui la semaine dernière. Quoi y a une armada qui est passée entre temps?
Mais non, c’est juste qu’il ne voulait pas d’un bout de plastique entre vous…… Sois pas trop dure.
Je fais la gueule entre 4 et 8 Jours, c’est ma fenêtre. Je ne veux plus entendre parler de lui, je le traite de chien. Yekhi Kelb. Puis je ne sais pas ce qui se passe, je commence à m’adoucir. Vraiment. Je regarde des photos de lui et je souris. Il m’inspire tant d’amour. Tout un flux en moi va dans ce sens. Mais je me contrains à ne pas l’appeler, surtout pas. Et là c’est c’est un chemin de violence. Ne pas lui écrire de mots amoureux, ne pas céder, pas appeler, rien. C’est contre-nature, c’est dur, je me sens comme en sevrage j’imagine, mais je tiens, je tiens, je tiens.
Je tiens le bon bout et pourtant c’est comme creuser un trou.
Parfois je lève la tête et je prie les arbres et le ciel et les oiseaux et les cafards volants de m’aider à le retrouver. Ou de passer à autre chose, de plus simple. Moins de sang s’il vous plaît.
Mais le voilà qui téléphone enfin. Ca peut être à n’importe quelle heure la journée. J’entends vibrer, j’espère fort et c’est son numéro qui est affiché. Je ne l’ai pas enregistré, je le connais, il ne fait pas partie de la masse de contacts. La joie m’envahit, et les choses reprennent. Il n’est plus fâché, il parle comme si de rien n’était. Je crois que c’est une tactique d’hommes. Laisser couler et revenir ensuite, et ne parler de rien.
C’est peut-être pas plus mal, au fond.
On parle, on déconne, il est gai, on prévoit de se voir et c’est reparti pour un tour. » »
Mina Namous