Un jour j’étais dans le train, je rentrais à la maison, d’humeur un peu maussade. Se sont assis près de moi un jeune homme et une jeune femme qui se taquinaient gentiment. Ils travaillaient ensemble, ils ont parlé un peu boulot, un peu de leurs collègues. Elle lui a demandé où il habitait exactement, il lui a répondu qu’elle lui avait déjà posé la question, et il faisait semblant de se vexer qu’elle ne s’en souvienne pas. Il s’est mis à lui parler de certains de leurs collègues masculins, en la charriant de plus en plus, en lui racontant qu’un tel avait demandé son numéro. Elle était moyennement à l’aise, éludait les questions, et lui il insistait. Mais ils rigolaient, et c’était drôle. J’essayais de les écouter discrètement, mais je ne pouvais pas m’empêcher de sourire.
J’avais très vite compris qu’il l’aimait bien, et que peut-être elle aussi. Qu’il se cachait derrière d’autres prétextes pour la sonder, qu’il était finalement vraiment contrarié qu’elle ne s’intéresse pas plus à lui.
Quand le train s’est arrêté et qu’on s’est tous levés, et qu’elle était un peu devant, il m’a dit, en souriant, « on vous a bien fait rire hein » ( cf. ma discrétion légendaire). Ça ne me regardait pas, mais je lui ai répondu « vous devriez lui dire que vous l’aimez bien ». Il était beau, il est devenu un peu rouge, il a marmonné un truc comme quoi non c’était pas possible, qu’ils bossaient ensemble. Et j’ai dit que ça serait dommage de passer à côté de sa vie. Elle s’est retournée et cherchait à entendre ce qu’on se disait. Il l’a détourné avec une énième blague.
Et puis je les ai regardé s’éloigner sur le quai, et je me suis sentie de très bonne humeur.
Mamzelle Namous