Je retrouve enfin le blog, je crois. Après presqu’un mois d’off line, j’avais cru que c’était bon, mais y avait des problèmes d’accès ici et là en Europe. Ensuite des merdouilles là et là-bas.
Et moi j’arrivais plus à dire quoi que ce soit sur la vie algéroise. A cause de la forme, du fond, des envies de grand air, des boutons sur la face.
Déjà, je voulais fuir un peu de chez mes parents. Maintenant que je suis seule avec eux, on a créé une drôle d’énergie. Toutes leurs remarques et leur amour se focalisent sur moi.
Ma mère me réveille, en panique, avant que le réveil ne sonne. Elle me gave de vitamines, n’approuve pas que je m’habille toujours pareil et me reproche de ne pas passer assez de temps avec eux. Mon père aussi.
L’amour j’ vous dis….
Quand certains soirs je sors, je les préviens un peu tôt pour éviter l’effet surprise. Mon père a cette habitude d’hocher les épaules, et ma mère se lance dans un questionnaire:
–Avec qui? Si je sors avec un mec, je féminise son prénom. Non pas que ma mère soit une islamiste extrémiste rigoureuse, mais ça m’évite un autre questionnaire du genre : « Il fait quoi? il a quel âge? il est célibataire? et ses parents ils font quoi? tu l’as connu comment? il est beau? pourquoi t’es pas allée faire un brushing? tiens t’as peut-être encore le temps, je vais appeler la coiffeuse pour qu’elle t’attende… tu te maquilles pas plus? »
Amours juives.
–Où tu vas? Là je reste super vague, de peur de la voir débarquer plus tard dans le resto avec une copine à elle. Parce qu’elle trouve ça drôle.
Ha ha ha , oui c’est drôle.
Oui elle l’a déjà fait. J’ai eu envie de me suicider.
–Pourquoi? J’aime pas les petits pois, donc je préfère manger dehors ce soir.
Après les questions, viennent les instructions: tu fais attention, tu dis à ton amie de conduire doucement, tu rentres pas trop tard hein! Tu vas où? ( nice try !)
Une fois que j’ai réussi à mettre le pied dehors et que je m’apprête à rejoindre la voiture de mon amie quelques mètres plus loin, j’entends une fenêtre s’ouvrir.
L’amour veille.
Je monte alors en voiture: « -Salut, salut, comment ça va, qu’est-ce que t’es belle, c’est des nouvelles boucles? Oh j’adore ton parfum ( et là avec un peu de malchance ton amie t’asperge de son parfum et t’as mal à la tête toute la soirée. La prochaine fois tu te tairas). T’as maigri, que dis-je, t’as fondu! -Naaa, je dois faire un régime, regarde mes hanches! -Tu plaisantes, mabka fik walou! » (tu n’as plus que la peau sur les os!)
Non, c’est ma mère. Elle me demande si on a démarré, parce qu’elle ne m’a pas vu monter dans la voiture.
C’est con la pénombre hein. Oui maman, on a démarré. Ay tssel 3lik Rima ( Rima te passe le bonjour)
-Tu me préviens quand vous arrivez. Vous allez où?
Durant la soirée, il y aura deux ou trois textos de sa part me demandant si je vais bien, et à quelle heure je compte rentrer. Si je ne réponds pas, je reçois une mise en demeure de ne pas rentrer tard.
Quand elle en a marre d’écrire, elle téléphone pour me dire de la prévenir quand je rentre.
Amour toujours….
Mon amie gère la même situation. On imagine nos mères, assises devant M6, à regarder enquête exclusive en attendant que la porte s’ouvre. Que leur progéniture apparaisse, saine, sobre et sauve. Qu’ensemble elles prennent une tisane ( Bio 3 minceur pour toi, ta copine est une menteuse) et que la fille raconte sa soirée, dans tous les moindres petits détails.
Je finis par rentrer à la maison ( il le faut bien), je ne croise personne. Ma mère ne m’a finalement pas attendu pour aller dormir.
Amours chiennes.
Je la textote quand même, qu’elle se réveille pas au milieu de la nuit paniquée. Elle vient me voir, me demande où j’étais, qui y avait, ce que j’ai mangé, de quoi on a parlé, si c’était bien.
Des fois ça me soule, d’autres fois ça m’amuse, et encore d’autres je mets en œuvre mes talents d’actrice ( je faisais du théâtre à une époque… devinez qui débarquait au milieu des cours!)
Donc elle sait quand je mens. Mais elle dit rien.
L’amour, le vrai.
Et puis quand je m’endors, y a ce petit bout de poésie, que je récitais enfant, qui me vient tout seul comme un grand et qui me suit: « Quand je lève les yeux sur les yeux de maman, je vois en pensée un étang ». Et je regrette de m’impatienter parfois.
La vie quoi.
Mamzelle Namous