Nawel Louerrad blog

 

 

 

 

Y a des choses qu’on peut pas dire, parce que les mots sont lourds, que c’est pas drôle, que c’est pas la vie qu’on voudrait.

Dans la vie, on voudrait que les anges reviennent se pencher sur notre lit. S’ils l’ont déjà fait.

 

L’autre fois, on a appris la mort d’un ami de la famille. On était proches de lui et sa petite famille avant, avant.

On avait passé des vacances chez eux quand ils habitaient au Maroc. Ca devait être à la toute fin des années 80-début 90, quand y avait rien d’importé en Algérie, et avec ma soeur,  on était émerveillées de tout ce qu’il y avait à Rabat. Pendant une semaine, on avait fait le plein de Coca. Pas une goutte d’eau n’avait passé notre bouche, et notre maman nous a laissé faire. A notre retour à Alger, on a eu droit à des shots d’huile d’olive pour nettoyer tout ça.

Les enfants étaient un peu plus grands que nous, et on était en admiration aussi, devant les attitudes et les vernis à ongle.

Quand ils sont revenus à Alger, on les voyait souvent. Puis, ensuite, pssschiiiiit. Coupage de ponts sans raison apparente. Ca arrive souvent à tous.

 

Quand on nous a dit la mort du père, la tristesse s’est évidemment bordée de culpabilité et de mélancolie. Les souvenirs, phrases et anecdotes sont revenus et ont maintenant du mal à partir.

 

On est allés les voir pour le deuil, on avait peur de pas se reconnaître et de pas savoir quoi dire.

Mais à notre surprise, c’était l’inverse. C’était familier comme si le temps creux n’était jamais passé, et au milieu du deuil, les histoires d’avant sortaient naturellement. On a vu à quel point on était attachés.

 

Ils ont ce pouvoir-là les gens qui comptent vraiment, ils font que les choses restent intactes.

 

De retour à la maison, on a partagé une cannette de Coca, comme avant avant.

 

 

 

 

Mamzelle Namous