C’est le ramadan, c’est l’éclate à fond.
Le principe est simple : l’estomac ralentit son activité, les pas aussi, le pays aussi.
ON chasse les mauvaises pensées, les anges tombent.
Comme c’est un mois très cool, les patrons ne sont pas très regardants sur les retards, et ta grasse mat perd de sa culpabilité.
Tu te prépares tranquillement, tu perds pas ton temps en petit dej.
Avant de sortir, ta mère te fait remarquer que tu es trop maquillée. C’est un hommage perso à Amy Winehouse, les gens comprendront.
Au matin, la ville est sèche et un peu grise. Tu visualises l’expression « le temps semble s’être arrêté ».
Au travail, l’homme-scanner qui fouille ton sac te regarde bizarrement. Tu te souviendras plus tard qu’une tablette de chocolat traine au fond du sac depuis trois mois. Tant pis pour ton image, il comprendra ce qu’il voudra.
Dans le locaux, les filles sont pâles et les garçons de bonne humeur. Ce sont les débuts, et même si la cigarette manque, il y a une certaine euphorie à ce changement d’air.
Les gens ne travaillent pas, c’est comme d’habitude, mais durant un mois cette paresse sera légitime.
On s’échange dvd et écouteurs, on ferme les portes à clé, on somnole.
On entend des bonnes femmes se plaindre, déjà.
On se demande ce qu’on a cuisiné la veille, et déjà une division entre ceux qui se doivent de manger la chorba tous les jours et ceux qui ont une vie.
La semaine prochaine, ça sera un clivage entre ceux qui ne mangent jamais les restes et ceux qui ont une vie.
On se choque un peu de ceux qui ne le font pas. On ne comprend pas, c’est pourtant sacré le Ramadan.
La prière ok, on admet son inobservation. Le reste aussi, on a même le droit d’être une mauvaise personne. Mais le Ramadan, tout de même….
On reçoit des invitations soirées ramadanesques sur facebook, mais on est déjà fatigués à l’idée du son, de la foule, de l’arnaque.
En rentrant chez soi, on remarque que notre fast-food préféré est devenu fast-zlabia, mais le bon sens, et les abeilles qui tournent autour, nous dicte de ne pas nous arrêter.
De retour à la maison, la mère se plaint déjà des prix qui grimpent, qui doublent. Le citron a flambé. Exit les rondelles de citron dans son coca le soir. La citronnade, elle, prend des airs de grand cru.
Peu avant le ftour, si vous n’êtes pas occupés à cuisiner ou à dormir, vous pourrez regarder les séries d’ambition humoristique de la chaîne algérienne. L’occasion de voir qu’il y a en tout 5 acteurs qui tournent en Algérie. Ces séries sont à mourir de rire, vous me comprenez.
Celle après le ftour est d’ambition tragique. C’est à mourir de rire aussi.
Plus tard, quelques heures sépareront le ftour traditionnel en famille, et les soirées mousse dans des piscines ou boîte de nuit branchouilles.
Les jeunes se plaindront des prix des boissons et des gâteaux, mais avaleront tout de même.
Quelque part entre le drame et la comédie du carême, on se souhaite, à longueur de journée saha ramdanek.
Mamzelle Namous