Alors aujourd’hui je me suis mise à écrire, des phrases sur les belles âmes, indéfinissables mais reconnaissables. Les âmes moches, repérables.
Puis j’ai regardé mon facebook, et c’était inondé de mamans. De maman tu es la plus belle du monde, tu sens la vanille et le levain, et tu m’as guidé et n’oubliez pas la fête des mères. Ca serait bien que ce genre de message apparaisse un peu avant, pour ceux qui, comme moi, oublient.
Résultat, pas de cadeau, pas de gâteau. Réunion au sommet avec mes frères. Entre le petit qui me sort
« C’était pas l’année dernière la fête des mères? », « Non c’est une arnaque annuelle mon ptit » ;
le grand qui me dit » C’était pas déjà en décembre ce truc? » , » Non c’était en janvier et c’était son anniv »;
et le moyen qui vient de se réveiller du week end, qui m’offre un « hein? », je comprends vite que la cohésion familiale repose sur mes frêles épaules.
N’ayant pas d’argent, je pense à lui faire un coloriage. Puis je me rappelle que je n’ai plus six ans.
Je pense à lui acheter un parfum cheap, puis je me souviens qu’il finira probablement en désodorisant ou en complément javel.
Je pense au gâteau, mais les pâtisseries ne prennent plus de commandes après midi. J’y vais quand même, je vois plusieurs fraisiers ornés de « bonne fête » en vitrine et je bluffe. Ca marche, puis je culpabilise et je rends le gâteau.
Retour à la case départ. Il me suffit de renter plus tôt à la maison, de faire un gâteau moi-même, d’empoisonner tout le monde et de mourir en paix.
Il me suffit aussi, en guise de cadeau, d’écrire un poème.
» Chère maman, tu sens l’océan et les crêpes au citron.
A 11 ans, tu m’as interdis de voir ma meilleure amie. Soi-disant une fille de mauvaise vie. Je t’en ai voulu beaucoup, mais maintenant je m’en fous.
A 14 ans, tu m’a offert un livre « Côté coeur c’est pas le pied ». Ca ne l’a effectivement jamais été.
A 15 ans, tu as souhaité que mes amours commencent tardivement. Si tu pouvais annuler ce sort, ça serait genre super cool à mort.
A 18 ans, tu m’as interdit d’aller en boite de nuit. J’ai pleuré toute la nuit. Maintenant c’est quand j’y vais que j’ai envie de chialer.
A 20 ans, alors que je rêvais d’être actrice, et que je me voyais déjà en haut de l’affice , tu m’as cassé mon rêve. Bon pour ça c’est pas encore la trêve.
A 20 ans, j’ai quitté ta maison et putain comme j’ai maigri. Alors merci.
A 24 ans t’as voulu que je fasse un boulot que je voulais pas. Si tu pouvais arrêter d’insister avec ça…
Bon et maintenant, t’aimerais bien que je rencontre l’homme de ma vie ( ou le fils de ton amie Nassima), qu’on fasse la noce, et qu’on ponde un ou deux gosses.
Alors que moi j’ai juste envie de rester la fille à sa maman. D’ailleurs si tu pouvais m’aider à faire un gâteau au chocolat, ça serait genre super sympa ».
Il est bien mon poème ou faut que j’aille braquer une bijouterie?
Mamzelle Namous