Audrey Hepburn par Cecil Beaton

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En 2014, je rêve de rencontrer un beggar. Un beggar, pour ceux qui le savent pas, c’est un péquenaud nouveau riche.
Avant on les méprisait, maintenant on les veut. Et ça tombe bien, parce qu’ils ont compris que leur argent ne suffisait pas à leur bonheur, il leur faut une dose d’intellect dans leur vie. Donc mon plan est de paraître intellectuelle et gentille.

 

Mais comme je sais pas trop où les rencontrer, je vais me contenter de traîner dans les épiceries de luxe. Vous savez, celles qui ramènent des produits «cabas» hors de prix. Toi t’y vas une fois tous les deux ans parce que skhefti 3la hajaqui ne se trouve que là bas, alors que le beggar, lui, il y fait ses grandes courses. 

 

En 2014, je rêve aussi d’écrire un roman. Qui racontera mon histoire d’amour avec le beggar justement. La rencontre devant les mini-bouteilles de Perrier à 1450 dinars. Chacun voudra le dernier pack et comme il est bon bougre, il me le laissera. Comme je suis pute, je l’inviterai à venir en boire une chez moi.

Ah mais j’habite chez mes parents, c’est pas possible.

 

Je lui propose donc un café, il pense que Sidi Yaya est encore à la mode. On va au coffee shop, il y rencontre des potes beggarins (les filles, je vous file les numéros si vous voulez), on a pas grand chose à se dire, mais je fais des efforts d’intéressement. 

 

Il travaille dans l’imporrrrt-exporrrrrt, il essaie de pas rouler des R mais il y arrive pas. 

Il a construit une promotion immobilière à Ouled Fayet mais compte acheter une villa à Poirson. Il sait juste pas où c’est, je vais l’aider à trouver, qu’il s’inquiète pas.
Comme il a donné sa Bmw x6 à son cousin, on se contente de sa Q7. 


Décembre 2014, on se marie au chapiteau du Sheraton, on part en voyage de noces à Dubaï (le beggar ne croit qu’en Dubaï). Quand je découvre la première classe d’Emirates, j’ai la certitude que l’amour ressemble à ça. J’ai l’espoir de ne jamais atterrir. 

 

Je tomberai enceinte assez vite, nos enfants seront grassouillets et cons, mais ils auront la chance d’aller à Paris pour leurs soins dentaires. Le beggar est d’ailleurs propriétaire d’un appartement de vacances près de Paris, et il croit encore que les Champs-Elysées sont prestigieux. Le pauvre. 

 


Bon, on est loin de mes rêves de gosse, de l’homme sublime qui manie si bien le verbe, la verve et la verge, mais à un moment de la vie, il faut bien s’adapter à la réalité sociale du pays dans lequel on  évolue.

 

En 2014, je vais aussi voter aux élections présidentielles. Juste pour avoir le plaisir de retrouver mon école primaire, et l’espoir d’y croiser mon petit amoureux malicieux de l’époque. Je vais squatter là-bas en fait, le mieux est donc d’y être volontaire. Vous viendrez m’y voir et accessoirement voter?

 
En attendant ce jour, je vous souhaite tous les rêves du monde et toute l’espièglerie contenue dans la photo et le visage d’Audrey Hepburn…

 

 

 

 

Joyeux Janvier les chéris. 

Mamzelle Namous. 

 

 


* t’as très envie d’un caprice importé