C’est le 15 août aujourd’hui, il fait chaud, je souffre. J’ai ressorti le short et on m’a dit que j’étais folle à ma maison, alors j’ai mis un pantalon conventionné par les bonnes mœurs et mes jambes ont souffert. J’ai décidé de pas aller travailler quand je me suis rappelé que c’était la rentrée scolaire et l’idée de retrouver les embouteillages a bloqué dans ma tête. Y a pas de clim dans la voiture, et j’ai imaginé le tcha3chib (frisottage algérien) dans mes cheveux et j’ai pas pu admettre cette idée. Faut que je trouve une solution avant demain.
Je suis donc restée à la maison, j’ai remis le short et avec ma grand-mère on s’est fait des citronnades. Ensuite on y a ajouté de la vodka et on a beaucoup ri, jusqu’à ce que ma mère arrive et me somme de faire le ménage. Elle m’a demandé de nettoyer les escaliers avec la serpillère et cette idée a débloqué ma tête. C’est pas un truc à se casser le dos ça ? Utilise le frottoir, qu’elle m’a dit. C’est pas une activité hyper dangereuse ça ?
Passer la serp dans les escaliers, quelle drôle d’idée. Ma mère elle s’est énervée, en disant que normalement c’est aux jeunes filles de faire tout ça, que dans toutes les maisons c’est comme ça, et que moi il vaudrait mieux m’avoir en photo finalement. Me suis tournée vers ma grand-mère pour qu’elle défende la cause des glandeuses sans frontières, mais ma grand-mère elle est dans l’imaginaire, alors…
Alors mon short et moi on est allés au combat, c’est un coup à vous frisotter les cheveux le grand ménage. Quand j’avais tout fini de serpiller partout et que j’étais contente de pas être tombée, j’ai vu qu’il y avait mes traces de pas sur le parterre mouillé. C’était pas écrit sur la bouteille de javel ça. Alors j’ai repassé dessus et ensuite j’ai volé jusqu’à ma chambre pour plus rien tacher. Et c’est comme ça que j’ai perdu ma journée. Ou presque.
Parce qu’après le ménage, ma mère a voulu qu’on parle de son sujet favori, le mariage. J’ai regretté de pas être allée au travail à ce moment là. Elle m’a demandé si ma position sur les rencontres arrangées n’avait pas évolué, et j’ai dit que je voulais une fontaine de tequila à mon mariage. Elle m’a dit que je rajeunissais pas, et j’ai répondu que je voulais une robe faite sur mesure par John Galliano (il a baissé ses prix dernièrement). Elle m’a rappelé que toutes mes cousines elles étaient mariées, j’ai demandé si on pouvait louer le château de Versailles pour une fête.
J’aime les ententes de sourds assumées.
Quand elle a commencé à me dire que je buvais trop de coca et que c’était pas bon pour la santé, j’ai senti ma crise d’ado monter et j’ai fui dehors. Sur la route un flic m’a arrêté parce que je sais pas pourquoi. Je comprends jamais si leurs signes ça veut dire ralentis, vas-y, ou arrête toi. Là y a eu les trois apparemment. Et les flics, y en a tellement qu’on les voit même plus. Ils sont dans le décor, ils devraient pas compter autant. Il m’a demandé pourquoi y avait pas l’étiquette nouveau conducteur sur mon véhicule. Il a vu ça à ma tête que j’étais nouvelle conductrice ? Délit de faciès j’appelle ça.
Ma destination, le magasin de DVD. Je cherchais Sex friends, mais j’ai pas osé dire le mot S** au vendeur qui est un vieux barbu qui porte des robes. Pendant que je lui expliquais que c’était hadak le film sur l’amitié, une nana en voile islamique est entrée et a demandé du tac au tac la saison 3 de « Journal intime d’une call girl ». Pour être sûre que c’était bien en VF , elle lui a demandé de l’essayer. Les premières scènes n’ont pas permis de déterminer la langue parlée et m’ont fait rougir. J’étais bien la seule. Le barbu et la hijabiste eux parlaient tranquillement des dernières histoires olé olé de la série. En arabe derja les choses paraissent moins sexuées. Mais moi j’ose toujours pas demander mon film.
Il fait 30 degrés dehors début avril, je comprends rien au temps, je comprends rien aux apparences, aux bonnes mœurs, à ce qu’on conventionne.
Je suis rouge et frisottante, je ressemble à pas grand-chose. Remarque y a plus grand-monde qui se ressemble vraiment alors…. Vais aller partager une citron-vokda avec ma mère-grand…
Mamzelle Namous