Fin de semaine sur l’Algérie, vague de froid. Bulletin météo, bulletin moral à zéro.
Pourquoi, je sais pas. Je devrais aller bien, m’étonner chaque jour de ce que la vie me réserve, tant elle est surprenante.
Ce matin, comme chaque matin, je n’ai pas eu besoin de mettre de réveil. Je me réveille toujours trop tôt grâce au type qui appelle à la prière. Il a un drôle d’accent, genre skikdi, il appelle plus au foutage de gueule qu’à la spiritualité. Et quand je dis ça à ma grand-mère, elle me regarde bizarrement. Quand je suis allée à la mairie de mon quartier dire que je lançais une pétition pour que le type à la voix bizarre arrête de faire aboyer les chiens à 6 h du mat, on m’a regardé bizarrement.
Apparemment à la mosquée c’est pas comme à la SNCF, les critères voix douce belle et suave sont pas requis. J’ai demandé si je pouvais appeler à la prière moi aussi, on m’a regardé bizarrement. J’ai demandé pourquoi, on m’a dit de fermer ma gueule.
Bon, je suis rentrée chez moi un peu déçue, j’ai pas osé faire circuler ma pétition, je voudrais pas qu’on me prenne pour une mécréante. Car comme tout le monde, je fais la prière, 10 fois par jour (c’est le bon chiffre hein ?). C’est juste que moi mon réveil idéal c’est Kylie Minogue version remix Miami, et pas Allahou Akbar[1] version remix port de pêche de Skikda.
Mais je concède que c’est un faux problème.
Après le réveil mou, le rituel du comment m’habiller en gardant mon style beau doux et suave tout en respectant l’algérien de base, il faut se rendre au travail. N’ayant plus de taco à moi, je squatte avec mon frère. Parce que dans les transports en commun, le risque de tomber involontairement enceinte c’est un vrai problème. Dont je parlerai quand je reprendrai le bus. Parce que la dernière fois remonte à quelques années. J’avais failli me faire violer par un papi, heureusement qu’une nana m’avait prévenu à temps. Merci la solidarité féminine dans ces moments là. Ensuite le contrôleur m’avait jarté parce qu’il me manquait 5 Dinars pour acheter un ticket. Et personne n’avait proposé de me dépanner. Même pas la nana précédemment citée, même pas le papi, personne. J’étais descendue comme une pauvresse. J’ai voulu prendre un taxi mais aucun n’allait dans ma direction (oui à Alger c’est toi qui suis le trajet du taxi, pas le contraire), donc j’ai marché à pied. Et ça faisait tout bizarre.
Revenons à nos moutons (allah yarhamhoum[2], voyez comme je suis pieuse) et aux choses étonnantes de la vie. Cette semaine, comme chaque semaine, je travaille avec une jeune femme kabyle à l’accent kabyle très kabyle. Tellement accentué que dès qu’elle parle je me mets à danser sur du Takfarinas[3]. La nana devient exceptionnelle quand elle se met à dire des mots en latin que peu de gens connaissent. Pendant les réunions, les gens rigolent pensant qu’elle parle en kabyle. Quand ils ont su la vérité, ils ont tous voulu se mettre au latin. Et un mec est venu me dire « Mina, tu sais, y a des mots français qui sont tirés du latin, ben oui hein ». Que répondre à ça ?
Le regarder bizarrement lui ferait croire qu’il m’a appris quelque chose de grandiose.
Lui dire de fermer sa gueule me ferait passer pour une agressive. Alors que je suis douce belle et suave, comme la voix SNCF.
Lui dire « Ah je savais pas… » reviendrait à être sarcastique. Et le sarcasme c’est pas bien.
Lui dire « Naaaaaaan ! C’est pas vrai !! » serait faire de l’ironie, et pas grand monde au bureau comprend mon ironie (du coup je passe souvent pour une conne naïve, mais c’est un faux problème).
Je me retrouve souvent dans cette situation, parce que beaucoup de gens croient tout savoir mieux que les autres, et je sais rarement comment réagir. Mais je préfère être une ironique qui passera pour une conne/naïve, qu’une sarcastique. Vous connaissez la différence entre les deux hein ?
Cette petite citation très facile à trouver, « Entre le sarcasme et l’ironie il y a la même distance qu’entre un rot et un soupir ». Alors s’il vous plait, ne croyez pas que l’on rote quand on soupire juste très fort !
Mamzelle Namous