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La semaine dernière, une copine m’a appelé pour me demander si ça m’intéresserait de passer une journée à Oued Souf pour la finale de la ligue des champions…

Euh Oued Souf… déjà entendu parler, mais je visualise pas trop. Et la ligue des quoi? 

Tu veux que j’aille dans le désert pour regarder un match de foot? Mais pourquoi? 

 

-C’est un évènement organisé par Heineken, on part l’aprem’, on regarde vite fait le match et on fait la fête jusqu’à 3h du mat dans une super baraque. 

-Ah oui ok,  i’m in, je viens, c’est bon j’accepte, je suis partante, allez, on décolle quand? 

 

Je check Oued Souf sur google, j’apprends par coeur la page wikipédia pour pouvoir  frimer  plus tard dans l’avion.

Dans ma petite tête, on serait une vingtaine à partir. Deux copines, moi, 17  beaux mecs, et le séjour ressemblerait à un épisode du Bachelor en excursion dans le désert.

 

Fallait donc prévoir toutes les tenues adéquates et les faire tenir dans un sac à main, pour avoir l’air cool et décontract’.

Avec des copines du voyage, on planifie ainsi une razzia chez mango, on prend rendez-vous chez le coiffeur, on harcèle l’une des organisatrices pour avoir l’exact dress code.

Quand elle nous répond, on tombe de haut : il n’y aura pas de piscine party ( adieu bikini), nul besoin de se mettre en short ( adieu gambettes sexy), ne pas se mettre en robe, surtout pas de talons. Mais mettre des basket, glisser ballerines dans le sac à la limite, et prévoir de se sentir à l’aise.

Euh…dans le Bachelor, personne ne porte des basket et personne n’est à l’aise. On part en randonnée ou quoi?

 

Mon fantasme commence à partir en sucette, surtout que j’apprends que 300 personnes seront du voyage. On s’approche plus de Pékin Express.

 

Le jour J arrive, l’aéroport national Houari Boumédiène des lignes intérieures  est rempli de jeunes gens beaux, du jamais vu. Tout le monde se connaît et se tape le bisou, se prend dans les bras, crie des trucs du style «aaaaaaaa ça fait longtemps!!! t’es trop belle ma chérie!» , «t’es dans quelle agence maintenant? T’es chez le client?? Naaaan! ». 

 

Il y avait beaucoup de gens de la pub et de la com’, mais personne ne ressemblait à Don Draper. Beaucoup de gens du web aussi, de l’alcool, du tabac, du chômage chic, du clubbing….

Et quand quelqu’un a lancé « oh la la la si nos avions se crashent, y aura plus aucune soirée à Alger», tout le monde a éclaté d’un rire mondain et complice. Même le pilote.

 

Après trois cafés, cinq clopes (il faut fumer et boire du café pour avoir l’air cool), un coca pas light (décontraction oblige), et cinq passsages aux chiottes, il est l’heure de décoller.

 

Air algérie, fidèle à elle-même, nous demande de respecter nos places et nous sert des tartines infectes. Agrémentées d’un cornichon.

45 minutes de vol plus tard, nous arrivons à Oued Souf ( dont le vrai nom est El Oued, mais que les algériens appellent communément Oued Souf…. merci wiki).

Il fait chaud, on transpire, c’est pas sexy la transpi. On sort les déo, on regrette d’être là. Un mec nous presse de monter dans les bus.

Vous avez remarqué qu’à chaque fois que vous voyagez, y a toujours un mec dont c’est la fonction attitrée de dire à tout le monde, et  surtout aux filles, d’un ton sec : « vous montez dans le bus s’il vous plaît, on va être en retard».

En retard pour quoi? Pour boire de la bière?

 

On arrive ensuite dans la super maison où doit se dérouler THE évènement. C’est pas vraiment une maison mais une concession. C’est une ville dans la ville. Tellement c’est beau et grand, les supelatifs grandioses fusent. Que de merveilles, que de fabulosités. Que d’adorabilités.

 

Les filles n’ont pourtant qu’une seule idée en tête: se changer. On demande donc à une hôtesse bombesque s’il y a des chambres prévues à cet effet.

Elle nous regarde en pensant très fort « c’est quoi ces connes ? On est pas à un mariage ici!», et nous emmène gentiment aux toilettes.

 

On découvre alors qu’on a pas toutes eu le même dress code.

Y a des nanas qui se mettent en mini-robe, talons hauts et qui détiennent la perfection physique. Elles ressemblent vraiment aux filles du Bachelor pour le coup.

C’est assez impressionnant à voir de près. Ce cheveu qui ne bouge pas, ce noir qui ne coule pas, cette maîtrise parfaite des manières, ce rire qui ne part pas en vrille.

Oui, parce que toi, quand tu éclates de rire, c’est tout ton corps et ta chaise qui partent avec toi.

Les nanas parfaites sont gentilles et te sourient, elles te proposent même leur eye-liner.

Non merci, je sais pas encore en metttre, mais un jour j’apprendrai. 

 

Je jette mes Converse quelque part….. personne ne va me les voler de toute façon.

 

La fête bat son plein, les bières se débouchent, les gens poussent des oh et des ah. On parle tous de nos parents qui n’ont rien compris au but de ce voyage express, et dont certains ont préféré taire le nom du sponsor…

 

A un moment, une voix très très familière s’empare du micro et nous prévient qu’il faut maintenant aller voir le match.

La voix, c’est celle de  Mehdi, l’animateur radio qui se moque des auditeurs et qui fait marrer tout le monde.

Il est là, il se moque des fausses blondes et fait marrer tout le monde.

 

Nous traversons ainsi  religieusement le domaine, je pense sérieusement à épouser un héritier.

 

On regarde le match, on mange, on boit, on rigole, on danse, on compte les étoiles (y en avait pas beaucoup, c’est pas sérieux), on danse sur les tables, on devient familiers.

 

Pile au moment où la lassitude allait commençer à gagner, la voix de Mehdi annonce qu’il est l’heure de repartir les enfants. Nous empruntons un chemin sableux, fait de sable, de dunes et de pleine lune. Tels les enfants de Moïse, nous marchons jusqu’à rejoindre nos bus.

 

Je commence à paniquer : je ne reconnais pas l’endroit, et je pense à mes converse que j’ai laissé à l’entrée de la maison. On est pas repassés par là-bas et c’est beaucoup trop loin maintenant.

 

Voilà, fallait que ma soirée soit gâchée, que je perde quelque que j’ai depuis toujours et qui n’est pas virgnité. Ca fait mal, j’ai envie de pleurer.

Un gars, que j’aimais bien avant, me dit que c’est pas grave, que ce ne sont que des chaussures.  Pffff, il a rien compris à la vie.

 

Je tente de faire partager mon désespoir à quelqu’un du staff,  sans y croire.

Mais miracle, il compatit à ma douleur et fait tout pour me trouver une voiture et un  chauffeur qui puisse m’emmener  à la case départ. Je risque de rater l’avion, mais c’est pas grave.

Un joli garçon, rencontré quelques heures plus tôt, grimpe avec moi, parce qu’on sait jamais que le chauffeur soit un tueur en série.

Nous repartons donc dans la nuit noire du désert chercher chaussures.

 

Je les retrouve  à l’endroit où je les avais laissé. Elles n’ont pas bougé les gentilles, elles m’attendaient sagement, seules dans le noir et dans la peur. Elles ont couru dans mes bras en poussant des aaaaaaa de joie, le joli garçon a applaudi et on s’est tous fait des bisoux. J’ai trouvé mon bachelor!

 

Ouais, j’vous ai pas dit, on avait mangé de très bons champignons. Ils sont cool dans le sud.

 

Adoucis par tant d’égards, nous rejoignons le reste du groupe. Les bus n’étaient évidemment pas partis, et le bus guy était au bord de la crise de nerfs. Gestionnaire de crise de bus, c’est un vrai métier.

 

Retour à Alger, à la vraie vie, après ce moment suspendu.

On se quitte à l’aéroport, on se promet de se facebooker et de revoir vite. Dernières embrassades.

 

Dans la voiture qui nous ramène à la maison, on fait le débrief’ avec une amie. C’était vachement bien cette petite escapade, mais mauvaises langues que nous sommes, il fallait qu’on trouve à tout prix quelques bémols, sinon on ressentirait du vide à l’intérieur de nous-mêmes :

 

  • Y avait aucun autre alcool que la bière. Ok c’est logique, mais un peu limitatif.
  • Parlant de bière, elle a manqué dans l’avion.
  • La prochaine fois, on veut voir la liste des invités, parce qu’il y avait  des gens qu’on avait vraiment pas envie de croiser, mais alors là vraiment pas , et que ça se fait pas qu’on soit prises par surprise comme ça.
  • Cette chronique est trop longue. Mais ça, c’est pas leur problème.
  • On repart quand?

 

 

Mamzelle Namous